Source : Revue française de science politique, 2018 I, vol. 68
Date : 2018
Auteurs : par
- Lisa Carayon, Maîtresse de conférences en droit à l’Université Paris XIII
- Julie Mattiussi, Docteure en droit, enseignante-chercheuse à l’Université de Cergy-Pontoise et assistante de justice au tribunal de grande instance de Versailles
- Arthur Vuattoux, Docteur en sociologie, ingénieur de recherche à l’École des hautes études en santé publique (Rennes)
Plan de l’article :
Les étapes de la détermination de l’âge des jeunes étrangers isolés
- La disqualification des papiers d’identité
- La création de structures administratives de tri
- La judiciarisation des parcours
Démarche de recherche
Le sujet de l’évaluation : la construction de l’image du mineur non accompagné
- La pluralité des indices de l’âge
- L’analyse intersectionnelle des indices de l’âge
L’objet de l’évaluation : la régularité du statut plutôt que la minorité
- La position ambiguë des travailleurs sociaux
- Les critiques des militants associatifs
Résumé :
Les jeunes isolés étrangers sont confrontés, à Paris, à une évaluation administrative de leur situation, visant à déterminer s’ils sont ou non mineurs, et donc fondés à demander une protection spécifique. Une enquête sur les dossiers de ces jeunes et les acteurs qui les évaluent a permis d’étudier leur catégorisation comme « mineurs » ou « majeurs ». L’évaluation des jeunes se base sur leur apparence physique et la cohérence de leur récit, et on perçoit l’influence des normes de genre, race, classe et âge dans les décisions administratives. De telles catégorisations visent en réalité à distinguer des demandeurs légitimes (les « vrais » mineurs) de demandeurs illégitimes (les jeunes étrangers majeurs).