Source : Child Focus
Date : 03 juin 2019
Présentation :
« Selon le rapport annuel 2018 de Child Focus le nombre de disparitions d’enfants (1.863) et surtout l’exploitation sexuelle de mineurs (1.827), sont en augmentation. La bonne nouvelle est que de plus en plus de jeunes et d’enfants trouvent le chemin vers Child Focus, notamment en ce qui concerne les problèmes sur Internet.
« En 2019, nous préconisons que les nouveaux gouvernements, fédéral et régionaux, fassent de la lutte contre l’exploitation sexuelle des mineurs, en ligne et hors ligne, une priorité absolue » annonce Heidi De Pauw, Directeur Général de Child Focus.
Moins de dossiers de fugue
En 2018, Child Focus a traité 1.098 dossiers de fugue. C’est une baisse de 5 % par rapport à 2017 (1.151). Cette baisse concerne uniquement les fugues effectives (1.057), car les dossiers de prévention ont, quant à eux, doublé en trois ans (passant de 20 à 41). Il s’agit d’appels de jeunes demandant de l’aide ou de parents craignant la fugue de leur enfant. De tels appels, nous réjouissent : sachant que les jeunes veulent fuguer pour fuir leurs problèmes, nous pouvons dès lors tenter de les résoudre avec l’aide, si nécessaire, de services d’aide spécialisés. Une prise de conscience qui permettrait aussi de diminuer les fugues à répétition (115 en 2018).
Un nombre record des dossiers d’enlèvements parentaux internationaux
Avec 409 dossiers en 2018, nous n’avons jamais traité autant d’enlèvements parentaux depuis ces 6 dernières années. Le taux de résolution est également en chute libre : 26 % au lieu de 33 % (2017) et 48 % (2016).
Parmi ces 409 dossiers, 275 concernaient un enlèvement effectif (257 en 2017) et 134 concernaient un dossier de prévention (128 en 2017) — dossier dans lequel un parent nous contacte parce qu’il/elle redoute un enlèvement vers l’étranger par l’autre parent.
Le nombre de disparition de mineurs étrangers non accompagnés a sextuplé en 5 ans
En 2018, Child Focus a reçu 128 nouveaux signalements de disparition de mineurs étrangers non accompagnés (MENA) et a traité au total 275 dossiers. Le nombre de signalements augmente graduellement chaque année, mais le nombre de dossiers traités a sextuplé en 5 ans (43 en 2014). Trop souvent la police et d’autres services baissent en effet les bras face à ces disparitions par manque de moyens de recherche. Ainsi, fin 2018, moins de 30 % des dossiers ont pu être résolus. Pourtant, ces jeunes, par leur vulnérabilité, courent plus de risques de devenir les victimes d’exploitation sexuelle voire économique. Un encadrement spécifique est à encourager pour prévenir au maximum ces disparitions inquiétantes.
Prostitution des mineurs : un phénomène dissimulé
En 2018, Child Focus a traité 97 dossiers relatifs à de la prostitution (réelle ou présumée) de mineurs. Il s’agissait de 39 nouveaux dossiers (42 en 2017). Dans la majorité de ces nouveaux cas, les victimes avaient entre 14 et 16 ans et 95 % d’entre elles étaient des filles.
Dans 28 dossiers, des proxénètes d’ados ont joué un rôle. Nous notons trop peu de succès dans l’identification des victimes et des auteurs ainsi que dans la poursuite de ces derniers. Il n’existe en outre pas assez de lieux de prise en charge adaptés aux besoins spécifiques de ces ados exploités.
Images d’abus sexuels d’enfants : hausse spectaculaire
Depuis le 6 juillet 2017, 4 collaborateurs de Child Focus ont l’autorisation d’analyser les signalements présumés d’images d’abus sexuels d’enfants reçus via notre point de contact civil stopchildporno.be. S’il s’agit réellement d’images d’abus hébergées sur des sites belges, ils les transmettent immédiatement à la Police fédérale. Si les images sont hébergées à l’étranger, celles-ci sont transférées à l’organisation sœur du pays impliqué via le réseau INHOPE regroupant les points de contact civils de 52 pays.
En 2018, Child Focus a reçu 1 728 signalements présumés d’images d’abus sexuel d’enfants (746 en 2017). Une hausse spectaculaire à imputer au lancement d’une campagne de sensibilisation que nous avons lancée en novembre 2017 et en 2018. Cette campagne a reçu diverses distinctions nationales et internationales. Elle a été vue plus de 500 000 fois sur les réseaux sociaux.
La sécurité en ligne
En 2018, Child Focus a ouvert 114 dossiers de sexting non-consenti. C’est une baisse légère par rapport à 2017 (135). Child Focus peut intervenir très rapidement dans ce genre de situation, grâce à ses contacts privilégiés avec plusieurs réseaux sociaux incontournables (Facebook, Instagram, Whatsapp, Snapchat, Twitter, Google, Youtube) auprès desquels nous sommes considérés comme un « trusted flagger », c’est-à-dire comme une instance de confiance pour les signalements. En 2018, Child Focus a aussi ouvert 18 dossiers d’harcèlement sexuel en ligne. Il s’agit principalement du partage non-souhaité d’images ou de conversations à caractère sexuel avec d’autres jeunes. Une part important de notre travail de prévention reste de faire comprendre que l’échange de photos ou d’autres choses à caractère sexuel n’est acceptable que quand il y a de la confiance et l’acceptation des deux parties.
2018 a vu l’ouverture de 36 dossiers pour grooming en ligne, ce qui représente une légère diminution par rapport à 2017 (43). Les filles en sont majoritairement les victimes (80%), mais croire que les garçons (20%) n’y sont jamais confrontés est une fausse idée. Par ailleurs, nous restons surpris de constater que dans ce type de dossier, ce ne sont jamais (à une exception près) les jeunes qui nous contactent eux-mêmes, mais leurs parents. Ce phénomène est donc sous-rapporté.
46 signalements d’extorsion sexuelle ont été signalés à Child Focus en 2018. Une augmentation par rapport à 2017 (39). Les victimes restent principalement des garçons, mais des filles tombent aussi dans le piège. Interpelant : dans plus de la moitié des cas c’est le jeune lui-même qui prend contact avec notre ligne d’urgence. »
Rapport disponible au format pdf ci-dessous :