Auteure : Ariane BACH, Faculté de Médecine Hyacinthe BASTARAUD des Antilles et de la Guyane, aux fins d’obtention du grade de Docteure en médecine, spécialité psychiatrie
Sous la direction de : Monsieur le Professeur Thierry BAUBET
Soutenance : 05 octobre 2018
Résumé :
« Ce travail de recherche propose de donner une voix à de jeunes adolescentes migrantes ayant présentées des troubles psychiques. Nous avons analysé le discours de quatorze adolescentes Haïtiennes récemment arrivées en Guyane française et ayant été rencontrée par le biais de la pédopsychiatrie (tentatives de suicide, troubles psychosomatiques, syndrome de stress post traumatique), afin de mieux appréhender ce type de migration et les souffrances qu’il génère. Une particularité notable de cette migration est que ces jeunes sont le plus souvent confiées à un proche au pays durant leur enfance par leurs parents qui émigrent et organisent après coup leur venue, au moment de l’adolescence. L’analyse qualitative (Interpretative Phenomenological Analysis) des entretiens réalisée permet de dégager plusieurs thèmes principaux : des souvenirs douloureux et traumatiques dans le récit pré migratoire, un projet migratoire caché et orchestré par la famille, un départ subit et brutal générant un voyage migratoire éprouvant, un vécu de perte des repères affectifs dû à la séparation des figures d’attachement en Haïti, enfin à l’arrivée en Guyane la déception de la rencontre avec une mère et une fratrie inconnues, ainsi que les difficultés à l’école tel que le vécu de discrimination. Des sous-thèmes portent sur l’importance de leurs croyances magico religieuses dans la lecture de leurs symptômes ainsi que sur leurs ressources internes et externe (figure aimante durant leur enfance, investissement scolaire, religion). Une discussion sur les enjeux qui se dégagent quant à leur absence de participation à leur projet migratoire, les difficultés de rattachement à une mère et famille inconnue ainsi que leur rapport avec leur croyance et pratiques mystico-religieuse est proposée. L’importance d’un travail d’élaboration familiale après la « réunification » familiale ainsi que la nécessité d’une approche ethno-psychiatrique dans leurs soins est rappelée. »