Rapport d’étude de l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (INJEP) - « Jeunes sortant du système de protection de l’enfance en France et au Québec. Faire face aux difficultés de transition vers la vie adulte via une association d’entraide »

Source : Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (INJEP)

Date : n°2020/03 du 21 février 2020

Auteurs :

  • Isabelle Lacroix (direction scientifique), chercheuse associée INJEP, CREVAJ-ENAP/Printemps-UVSQ/Paris-Saclay
  • Rosita Vargas Diaz, Isabelle-Ann Leclair-Mallette et Martin Goyette (CREVAJ-ENAP)
  • Isabelle Frechon, (Printemps-UVSQ/Paris-Saclay)

Présentation :

« L’engagement des jeunes sortant du système de protection de l’enfance dans des causes défendant leurs droits est un phénomène méconnu. Des recherches sont apparues ces dernières années sur la participation individuelle des enfants et des jeunes dans leur propre accompagnement socio-éducatif mais se sont peu centrées sur leur participation collective dans des groupes cherchant à changer les pratiques ou la politique qui les affectent. La recherche menée ici vise à décrire et à comprendre les processus et facteurs d’engagement des jeunes, lors de leur transition vers la vie adulte, dans plusieurs organisations de « placés » et d’anciens « placés » par l’Aide sociale à l’enfance (ASE) ou par la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) en France et au Québec.

Sortir des institutions de la protection de l’enfance à 18 ou à 21 ans confronte ces jeunes à de multiples difficultés d’intégration sociale. La transition vers l’âge adulte des jeunes placés en France comme au Québec s’accompagne d’une injonction à l’autonomie et à l’indépendance dès qu’ils atteignent l’âge de la majorité, dans un contexte de prolongement de la jeunesse sous dépendance familiale et une situation socio-économique sombre en particulier en France.

S’appuyant sur des entretiens de jeunes engagés dans l’accompagnement de leurs pairs, sur des observations de terrain ainsi que sur le recueil de documents issus de ces organisations d’entraide, cette enquête, mobilisant une équipe de recherche internationale et interdisciplinaire, tente de saisir comment et pourquoi ces jeunes placés et sortant de placement sont amenés à s’engager dans des organisations d’entraide et comment ces formes collectives d’engagement peuvent les soutenir dans leur processus d’autonomisation vers l’âge adulte. Cette solidarité entre pairs au sein des organisations d’entraide permet aux jeunes d’acquérir des connaissances sur leurs droits sociaux ainsi qu’un soutien social et un espace dans lequel ils peuvent donner du sens à leurs expériences difficiles de transition vers la vie adulte sans soutien familial. Ces associations d’anciens placés jouent un rôle majeur de soutien pour ces jeunes dans une période de leur vie pauvre en aides sociales. Elles tentent de remédier aux différentes carences des politiques publiques destinées aux 18-25 ans.

Cette recherche montre aussi tout leur travail de sensibilisation auprès des pouvoirs publics, notamment leur rôle dans la mise à l’agenda des problèmes publics qui les concernent (logement à la sortie, insertion professionnelle, continuité dans les études). »

Sommaire :

INTRODUCTION

1. L’engagement des jeunes sortant du système de protection de l’enfance : un phénomène encore peu exploré

  • Du côté des politiques publiques
  • Du côté de la recherche

2. Problématique

3. Une recherche comparative entre la France et le Québec

  • France/Québec des relations politiques et scientifiques de longue date
  • Apports de la comparaison internationale

4. Accès au terrain, recueil et méthode d’analyse des données qualitatives

5. Annonce du plan

I. LES CONDITIONS D’ÉMERGENCE D’UNE MOBILISATION COLLECTIVE DE JEUNES SORTANT DE PLACEMENT

1. France : une structuration institutionnelle ancienne de l’entraide mais une lente émergence dans l’espace public

  • Des pupilles de l’État à l’ensemble des admis à l’Aide sociale à l’enfance
  • De l’entraide à l’influence des politiques publiques
  • La difficile autonomisation des organisations d’entraide par rapport au système de protection de l’enfance

2. La voix des jeunes placés et sortant de placement au Québec : une émergence tardive

  • Un réseau dans le Canada anglophone qui existe pourtant depuis 1985
  • L’impulsion à partir de 2010 d’une structuration de réseaux d’anciens placés québécois
  • Des défis de pérennisation beaucoup plus importants qu’en France

II. PROFILS DES JEUNES ENGAGÉS DANS LES ORGANISATIONS D’ENTRAIDE

1. Une disparité d’âge, de sexe, de capital scolaire, d’origine géographique

2. Des jeunes qui ont massivement obtenu le contrat jeune majeur (CJM) et le programme qualification jeunesse (PQJ) en France et au Québec

3. Des trajectoires de placement et antérieures au placement produisant des capacités ultérieures d’agir ?

4. Les freins à l’engagement des jeunes dans les organisations d’entraide

  • Difficultés liées aux jeunes
  • Difficultés liées à l’organisme d’entraide

III. RAISONS ET MAINTIEN DE L’ENGAGEMENT : CE QU’APPORTENT LES ORGANISATIONS D’ENTRAIDE DANS LE PROCESSUS D’AUTONOMISATION

1. Raisons initiales de s’engager

  • Une entrée dans l’organisation d’entraide inscrite dans une transition vers l’âge adulte difficile
  • La recherche d’un soutien financier et moral

2. Ce qui maintient leur engagement

  • Des liens de sociabilité à une famille de substitution : la création d’un réseau social soutenant à l’âge adulte
  • Un retournement du stigmate d’enfant placé
  • Une socialisation citoyenne transférable dans d’autres sphères de vie : de la prise de parole en public aux codes de l’action publique
  • Mobilisation pour leurs droits : changer les conditions de vie des jeunes placés et sortant de placement

CONCLUSION GÉNÉRALE

BIBLIOGRAPHIE

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Synthèse du rapport :

Injep_synthèse_rapport_21022020

Rapport intégral :

Injep_rapport_2020/03_21022020
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