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Sur la traite des mineurs roumains - Olivier Peyroux

HLR 2008

Publié le mardi 14 avril 2009 , mis à jour le jeudi 1er mars 2012

Réalités et processus de la traite des mineurs roumains liée à la migration
par Olivier Peyroux, sociologue [1]

Cet article a pour objet l’analyse et la compréhension des mécanismes conduisant à l’exploitation des mineurs roumains migrants.

Pour mener à bien notre recherche nous avons eu recours à :
des observations et des entretiens avec les jeunes, leur famille et les organisations chargées de leur protection dans le pays d’origine et les pays de destination,
des travaux scientifiques,
des articles de presse et autres documents informatifs.

Le thème choisi pouvant inciter au jugement de valeur, deux écueils sont à éviter : la stigmatisation de l’ensemble des migrants roumains et une lecture culturaliste des Roumains et des Roms justifiant ou excusant la situation sans chercher à l’analyser.

Pour le premier point, il est facile de démontrer à l’aide de quelques chiffres que la population qui nous intéresse est ultra minoritaire comparée à l’ensemble de la diaspora roumaine souvent invisible pour le grand public car extrêmement bien intégrée. D’après le recensement de la population roumaine de 2002, la diaspora pour l’Europe de l’Ouest est comprise entre 4 et 7 millions de personnes. Les groupes qui présentent des risques d’exploitation de mineurs représentent un pourcentage inférieur à 5% de cet ensemble. Il faut donc se garder de toute généralisation stigmatisant l’ensemble des migrants roumains aux profils, par ailleurs, très hétérogènes (cadres supérieurs, étudiants, réfugiés politiques, entrepreneurs, ouvriers,…). Concernant les Roms roumains nous pouvons aussi rappeler que le mythe de l’exode vers l’Europe de l’Ouest est inexact car selon les estimations les plus hautes, la migration représenterait un maximum de 10% de migrants de cette population estimée à environ à deux millions de personnes [2].

S’agissant de la distinction entre Roumains non roms et Roms, nous avons choisi de décrire les stratégies mises en place par des groupes de migrants sans y faire référence. En effet, l’hétérogénéité culturelle entre les différents groupes de Roms roumains et les Roumains entre eux rend toute tentative vaine et stigmatisante. Par ailleurs, le choix des stratégies liées à la migration étant limité, de nombreux groupes, bien que culturellement différents, optent pour des comportements similaires.

Ces précautions étant posées, il est important de bien préciser les limites de cet article. Pour mieux décrire les processus nous avons opté pour des simplifications historiques, économiques et sociologiques. Les stratégies décrites sont parmi les plus courantes mais sont loin d’être exhaustives. Pour des questions de clarté, elles sont présentées de manière distincte et chronologique cependant, dans la pratique, de nombreuses combinaisons existent.

Les deux premières parties de cet article portent sur les processus d’adaptation de certains groupes aux changements socio-économiques de la Roumanie conduisant à la traite des mineurs. Une fois le cadre macro présenté, nous aborderons plus en détail les stratégies familiales et individuelles d’entrée et de sortie des systèmes d’exploitation.

Vous trouverez l’article dans son intégralité en pièce jointe ci-dessous.

Notes

[1Également directeur adjoint de l’association Hors la Rue (protection des mineurs d’Europe de l’Est).

[2Le nombre des Roms en Roumanie oscille entre 400 000 d’après le dernier recensement et 3 millions selon les estimations les plus hautes. Le chiffre de 2 millions est souvent celui retenu par des organisations comme le PNUD, la Banque mondiale…