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Portrait d’un ancien MIE : le parcours initiatique vers une société nouvelle

Publié le lundi 3 août 2015 , mis à jour le lundi 3 août 2015

Source : http://www.france-terre-asile.org

Par France Terre d’Asile

Extraits :

" Comment se construire dans un pays nouveau lorsqu’on est encore un adolescent à la recherche de repères ? S’adapter à une culture et un système différents, surmonter les étapes administratives dissuasives et éreintantes, réussir une scolarité avec des jeunes comme les autres, voire réussir mieux que les autres, sont autant de défis qui sont lancés à un mineur isolé étranger arrivant sur le territoire français.

Abdoulaye est arrivé seul en France, à 16 ans. Lorsqu’il atterrit à Paris, il est orienté vers l’accueil pour mineurs isolés étrangers de France terre d’asile. La première étape, décisive, pour un jeune se présentant comme mineur est d’être reconnu comme tel. A l’heure où la méthode d’évaluation sociale n’était pas répandue, la détermination de l’âge se réalisait souvent par examen d’âge osseux (EAO). Abdoulaye est soumis à ce teste à la fiabilité contestée : au bout de quelques semaines, il est reconnu majeur par EAO.

Possédant un certificat de naissance, il revient à l’Accueil mineurs pour faire reconnaitre ses droits en s’appuyant sur ses documents d’état civil, il est accompagné par les intervenants du dispositif afin de solliciter le juge des enfants et de faire reconnaître sa minorité. S’ensuivent plusieurs mois de longue attente avant que l’on authentifie ses documents. L’issue sera positive et Abdoulaye entre ainsi dans le dispositif de protection de l’enfance.
A partir de ce moment, il peut se projeter avec plus de sécurité dans une perspective de stabilisation en France, en sachant qu’à sa majorité il devra justifier de sa bonne intégration sur le territoire pour obtenir une carte de séjour.

Paradoxalement, si l’intégration est un processus long, les mineurs isolés étrangers n’ont qu’un temps réduit pour s’adapter à leur pays d’accueil - Abdoulaye a été pris en charge pendant moins de deux ans. Par exemple, le titre de séjour "salarié", qui concerne beaucoup de jeunes en apprentissage, stipule que "l’étranger" doit "suivre depuis au moins six mois une formation destinée à lui apporter une qualification professionnelle sous réserve [...] de la nature de ses liens avec sa famille restée dans le pays d’origine et de l’avis de la structure d’accueil sur l’insertion de cet étranger dans la société française".

L’école, dans son acception générale, y trouve alors tout son sens. Fort de son projet professionnel précis - il veut travailler dans la logistique et les travaux publics - Abdoulaye enchaîne les formations et les stages qui lui sont proposés par les différentes institutions et personnes l’accompagnant (Aide sociale à l’enfance, centre de formation d’apprentis...). Grâce à son assiduité et à ses réussites, il obtient un titre de séjour.

S’il n’a pas eu la barrière de la langue à surmonter, étant originaire d’un pays francophone (la Guinée), Abdoulaye indique sans hésitation qu’il est très difficile de s’intégrer en France. Le rejet de l’immigré est présent constamment, même s’il est contenu ou dissimulé : "Au quotidien, ça peut ne pas se remarquer ouvertement, les gens n’osent pas. Mais je sais qu’il me faut être irréprochable et travailler plus que les autres. C’est encore plus difficile pour ceux qui ne parlent pas bien le français. "

Aujourd’hui, Abdoulaye suit une formation pour être chef de chantier dans les travaux publics. S’il admet volontiers que beaucoup de personnes différentes l’ont aidé dans son parcours, il estime que le principal atout pour s’intégrer et s’adapter en France est d’avoir la volonté de toujours avancer, de ne pas se laisser décourager par les multiples obstacles qui se présentent et de chercher " à aller vers le haut".

Voir en ligne : http://www.france-terre-asile.org/l...