Source : https://blogs.mediapart.fr/francois-g/blog
« Après la démolition de la partie sud du bidonville de Calais, le problème reste entier : 80 % des réfugiés se sont repliés sur la zone Nord. Le gouvernement n’a plus que les places en CAO à proposer, ce qui nécessiterait trois mois pour vider la partie Nord du bidonville. Les associations demandent que cette partie ne soit pas détruite et que les conditions de vie y soient améliorées.
La démolition de la zone Sud et ses conséquences
Nous avions procédé à un recensement des habitants de la zone Sud du bidonville avant la démolition par le gouvernement (3 450 personnes) et de la zone Nord (2 000 personnes). Sur les 3 450 habitants, nous estimons qu’entre 800 et 1 000 personnes sont parties du bidonville :
- 50 à Jules Ferry ? (femmes et enfants),
- 300 dans les conteneurs (CAP),
- 300 en CAO (chiffres du gouvernement au 11 mars : 250) mais dont une partie est constituée de nouveaux arrivants,
- 300 à 400 ailleurs (Grande-Bretagne, Grande-Synthe, autres camps, Belgique, Normandie, Paris, Allemagne…),
- Les autres (2 500) sont parties vers la zone Nord, dont 500 environ dans les tentes bleues. Les caravanes, de nombreuses cabanes, ont été transportées vers la zone Nord, et une partie des réfugiés a trouvé place dans des abris existants.
Il y aurait donc environ :
- 250 personnes à Jules Ferry (femmes et enfants)
- 1 400 personnes dans les conteneurs (CAP)
- 450 dans les tentes bleues
- 3 500 dans le bidonville (caravanes, tentes, cabanes) zone Nord
Nous allons procéder à un recensement très prochainement pour confirmer ou infirmer ces chiffres.
Le transfert des réfugiés sur la zone Nord a dégradé les conditions de vie des réfugiés, du fait de l’entassement des personnes sur un espace réduit.
En attendant des solutions durables et un véritable accueil, il nous parait donc inacceptable que le gouvernement procède maintenant à la démolition de la zone Nord et à l’expulsion de ses occupants. Il n’y a plus qu’une centaine de places disponibles dans les conteneurs, et le rythme d’ouverture des CAO (ou le nombre de places libérées dans les CAO par les départs en CADA ou ailleurs) est sans doute de l’ordre de 50 places par jour, soit 250 par semaine. A ce rythme, à supposer que les réfugiés se laissent convaincre d’y partir, il faudrait plus de trois mois pour vider le bidonville de ses occupants. Or il y a et il y aura de nouveaux arrivants.
Nos demandes
Nous demandons donc le maintien et l’amélioration qualitative de la zone Nord, avec :
- l’établissement de nouveaux points d’eau dans la zone nord afin de minimiser la distance des migrants aux ouvrages d’eau, le rétablissement et l’augmentation du réseau d’éclairage, des travaux de drainage de certaines parties de la zone Nord ; le prolongement des contrats de nettoyage et vidange, sur la zone Nord
- L’autorisation d’introduire des matériaux pour reconstruire des lieux collectifs (lieux de distribution, mosquées…) et améliorer l’habitat existant (palettes pour le plancher des tentes bleues, bâches…)
- La libre circulation des véhicules et des bénévoles dans le bidonville, et l’accès des bénévoles dans le CAP.
Nous demandons l’ouverture d’un dialogue constructif entre le gouvernement et les associations (celles travaillant pour le compte de l’état, les ONG, les associations locales de bénévoles, les associations britanniques représentatives), ainsi que des représentants des communautés, pour envisager des solutions à moyen terme pour les réfugiés, et prévoir un éventuel afflux de réfugiés à partir du mois d’avril.
Nous demandons également :
- - un nouveau recensement des mineurs isolés présents sur la jungle. La prise en charge réelle de ces mineurs isolés, accompagnée de garanties écrites indiquant les délais de prise en charge, le détail des critères et procédures applicables et l’application des textes de Dublin III sur le rapprochement familial. La mise en conformité du camp de l’Etat (CAP) et des C.A.O. pour l’accueil des mineurs isolés étrangers avec les exigences de protection du droit français en terme d’accompagnement psycho-social, en présence d’interprètes ;
- la mise en place d’une information permanente aux exilés sur leurs droits et non des opérations ponctuelles visant à l’information mais surtout au départ en CAO ;
- l’ouverture d’un bureau du Home Office à même d’examiner des demandes de protection de réfugiés présents dans le Nord de la France par la Grande-Bretagne ;
- des mesures efficaces contre les violences civiles et policières ;
- la fin des arrestations arbitraires de réfugiés dans les lieux publics, notamment la gare de Calais-Ville, et de leur mise en détention ;
L’Appel de Calais, L’Auberge des Migrants, Secours Catholique (à suivre) »