Source : France Terre d’Asile
Auteurs : Thierry Le Roy, Président de France terre d’asile et Pierre Henry, Directeur général de France terre d’asile
« Pour la troisième fois cette année, France terre d’asile a effectué un recensement de mineurs isolés étrangers sur les camps de Calais. Les équipes de maraude de France terre d’asile, qui parlent plusieurs langues (arabe/pachto/farsi/dari/anglais) se sont rendues sur l’ensemble des lieux de vie du camp de Calais et ont échangé dans leur langue avec chacune des personnes se déclarant mineures.
Du 24 au 26 août 2016, le recensement a permis d’identifier 861 mineurs isolés étrangers à Calais, dont le plus jeune n’a que 10 ans. Majoritairement originaires du Soudan, d’Afghanistan, d’Érythrée et d’Éthiopie, ces jeunes représentent 10 % de la population migrante à Calais. 627 vivent dans les camps de la jungle, 202 sont présents au Centre d’accueil provisoire de Calais et 32 sont hébergés au Centre pour femmes. Lors du dernier recensement du 10 mai, 343 mineurs isolés étrangers avaient été repérés, ce qui représente une augmentation de 151 %, proportionnelle à l’augmentation de migrants présents dans les camps de Calais (près de 9 000 aujourd’hui).
Nous l’avons rappelé lors du premier recensement le 15 février 2016, où 321 mineurs isolés étrangers étaient identifiés, et nous le rappelons encore : la situation est inquiétante et les besoins de prise en charge d’urgence et pérenne sont immenses sur le département. Il est urgent de trouver des réponses adaptées à chacun de ces mineurs.
Ces mineurs suivent les mêmes routes migratoires périlleuses que les adultes et fuient des pays en conflit, rêvent d’une vie meilleure, souhaitent pour certains rejoindre un proche en Grande-Bretagne. Les mineurs isolés étrangers ayant de la famille au Royaume-Uni doivent bénéficier de la procédure de réunification familiale. France terre d’asile met en œuvre cette action en collaboration avec les autorités françaises et britanniques et les partenaires associatifs, et la poursuivra jusqu’à la fin de l’année 2016. 50 jeunes ont ainsi déjà pu retrouver leurs parents, leurs proches au Royaume-Uni.
Les jeunes souhaitant rester en France doivent bénéficier d’une mesure de protection prononcée par le juge des enfants et être accueillis, au titre de l’aide sociale à l’enfance, dans une structure adaptée jusqu’à leurs 18 ans. Il est indispensable que la procédure de répartition nationale puisse continuer à fonctionner en priorisant les cas de jeunes venant du Pas-de-Calais. Ce département ne peut, à lui seul, accueillir l’ensemble des mineurs présents sur son territoire.
L’enjeu dépasse bien les clivages et politiques politiciennes de cette rentrée. Que vive la solidarité nationale et européenne, seule réponse à la hauteur de cette situation qui dure depuis 10 ans sur notre littoral… »