Source : https://passeursdhospitalites.wordpress.com
« L’apparition de lieux de mise à l’abri contrôlés par l’État ne signifie pas l’accès aux droits des personnes mises à l’abri. C’est le cas de manière flagrante des CAOMI (Centres d’Accueil et d’Orientation pour Mineurs Isolés étrangers), dispositif où est organisé le non-accès aux droits des mineur-e-s expulsé-e-s du bidonville de Calais et des deux lieux connexes mis en place par l’État (camp de containers et lieu de mise à l’abri des femmes et enfants du centre Jules Ferry). C’est aussi le cas du camp de réfugié-e-s de Grande-Synthe.
Après avoir tenté d’empêcher sa création, l’État a décidé d’en financer le fonctionnement et d’en prendre le contrôle en décidant de nouvelles règles de fonctionnement et en confiant sa gestion à l’AFEJI. Si l’association qui avait jusque-là assuré la gestion du camp était arrivée avec pour seule expérience l’organisation logistique de festivals en Bretagne et faisait face par la mobilisation d’un large réseau de bénévoles, l’AFEJI est une association qui gère des services divers dans le domaine social sur une base professionnelle (« nos 2 825 professionnels accueillent et accompagnent dans nos 98 établissements et services, plus de 14 402 personnes »).
Dans une note de 4 pages en anglais, la Dunkirk Legal Support Team décrit la situation extrêmement précaire des cent quatre-vingt-huit mineur-e-s qu’elle a recensé-e-s, tout en soulignant les difficultés à accéder à l’ensemble des personnes concernées dans un lieux où elles ne sont pas prises en considération, malgré l’obligation légale de leur assurer une protection.
Le travail d’approche et de suivi nécessaire à l’accès aux droits se heurte aussi bien au rôle que les « passeurs » ont dans le camp qu’à la difficulté de maintenir le contact avec les mineur-e-s si les personnes quittent le camp. Le démontage des abris, corollaire de la décision de l’État de ne pas accueillir de nouvelles personnes sur le site, les amène à dormir dans les espaces collectifs ou à quatre ou cinq dans les abris mêlées aux adultes.
S’ajoutent à ces difficultés les obstacles mis en place par l’AFEJI et les autorités françaises et britanniques à la reconnaissance de la minorité. »