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MIE : PAROLES DE PSY

Publié le vendredi 9 novembre 2018 , mis à jour le vendredi 9 novembre 2018

Source : JUJIE

Date : 09 novembre 2018

Auteur : Terra Psy

« Au-delà des leurs conséquences matérielles, les conditions d’accueil des mineurs isolés étrangers ont aussi des effets psychologiques. Le point de vue de professionnels...

Nous recevons au sein de notre structure Terra Psy des enfants que l’on appelle communément MNA entraînant ainsi toute la distance anonyme d’un sigle administratif sans réel signifiant.

Or, ils sont pour nous psychologues « des enfants et adolescent traumatisés, cabossés » par un parcours migratoire difficile truffé de ruptures et de deuils mais aussi par le non accueil des états occidentaux qui participe à développer le traumatisme. L’espoir leur devient vite synonyme d’embûche labyrinthique et participe à nourrir leur épuisement.

On remarque dans beaucoup d’entretiens combien le traumatisme vient perturber le rapport au temps chez ces jeunes. Ils sont souvent incapables de se souvenir de leur date d’arrivée, mélangent les événements, « ne savent pas ». La chronologie est souvent très difficile à établir. Les précisions s’évanouissent tel un reflet psychique du chaos qu’entraine leur parcours d’exil.

Par ailleurs, la pression exercée au niveau administratif, avec le couperet des 18 ans et du statut à clarifier pour rester en France, est en réelle contradiction avec le besoin de temps de la reconstruction. Les jeunes doivent donc naviguer entre ces deux espace-temps.

Par analogie on pourrait dire que le jeune MNA est placé « de façon provisoire » jusqu’à l’obtention de la décision des autorités administratives en « zone d’attente », dans une situation psychique certainement très similaire à ce que doivent ressentir les étrangers demandeurs d’asile qui arrivent en France par la voie ferroviaire, maritime ou aérienne et qui sont placés dans une zone d’attente durant quelques heures à quelques jours le temps que soit procédé à un examen destiné à déterminer si leur demande n’est pas infondée. L’incertitude de la décision place le jeune dans une situation paradoxale et déroutante quant à leur désir réel de construction :

Comment dessiner des projets de vie présents et futurs en France alors que le maintien de l’accueil y est incertain ? Comment ne pas faire de projets alors que la période d’attente de la décision peut durer plusieurs mois ? Comment parfois ne pas succomber à une révolte bruyante face à cette inertie mutique bureaucratique les noyant dans une telle indifférence ? Comment oublier qu’il s’agit pourtant de l’hospitalité de l’enfance du Monde ? »