Tribune - Les enfants et jeunes du collectif #EcolePourTous, soutenu par l’Unicef, demandent aux députés de créer une mission d’information parlementaire

Source : Le Parisien

Date : 02 juin 2019

Auteur : Les enfants et jeunes du collectif #EcolePourTous

Présentation :

« « Nous, enfants vivant en bidonvilles, squats ou hôtels sociaux, nous, jeunes mineurs isolés étrangers, nous enfants du voyage, nous avons créé le collectif #EcolePourTous car dans le pays de Victor Hugo et de Jules Ferry, la porte de l’école reste fermée devant nous. Nous demandons que la République considère avec gravité les problèmes que nous rencontrons dans l’accès à l’école. Comme tous les autres enfants et jeunes, nous voulons pouvoir entrer à l’école.

Nous voulons y rester aussi longtemps qu’il le faudra pour réaliser nos rêves. Devenir avocat pour défendre les droits de tous comme en rêvait Sadou. Devenir policière pour protéger ceux qui en ont besoin comme en rêvait Rahela. Devenir assistante sociale pour aider les plus vulnérables comme en rêvait Ana. Devenir entrepreneur pour moderniser la France comme en rêvait Saifoulaye. Devenir comédienne pour faire rayonner la langue française comme en rêvait Anaïs.

Mais pour nous qui vous écrivons, il est déjà trop tard, la porte de l’école est restée fermée. Nos rêves ont été brisés. Parce que quand Rahela a frappé à la porte de l’école, le maire de sa ville lui en a refusé l’entrée. Parce que tous les trois mois les expulsions forçaient Ana à déménager. Parce que la minorité de Sadou est contestée. Parce qu’à 18 ans la prise en charge de Saifoulaye par la Protection de l’enfance risque de s’arrêter. Parce que le racisme des enfants et des adultes a découragé Anaïs.

Nous savons que la République française a fait la promesse dans sa Constitution de garantir l’égal accès de l’enfant à l’instruction. Nous savons que c’est un devoir de l’Etat. Nous savons que c’est la première priorité nationale d’après le Code de l’éducation.

Donc si nos rêves à nous ont été brisés, nous souhaitons que la République soit fidèle à sa promesse pour tous les enfants qui nous suivent et qui sont aujourd’hui en France une centaine de milliers. Nous avons formé le collectif #EcolePourTous, à l’occasion de la Journée internationale des droits de l’enfant le 20 novembre. Nous sommes soutenus entre autres par l’Unicef, le Défenseur des droits, Défense des enfants internationale et le Conseil français des associations pour les droits de l’enfant. Le président de la République avait fait la promesse à Anina Ciuciu, l’une de nos marraines (qui est devenue avocate après avoir rencontré les mêmes obstacles que nous), de résoudre nos problèmes dans son plan Education.

A l’heure où la loi Ecole de la confiance est débattue au Parlement nous attendons un signal fort. C’est pourquoi, avec l’appui de MM. et Mmes les députés LREM, nous faisons la demande solennelle aux membres de l’Assemblée nationale de créer une mission d’information parlementaire. Cette mission devra identifier les obstacles qui entravent notre accès à l’école et proposer au gouvernement les mesures nécessaires pour les lever.

Quand ces mesures seront mises en œuvre, alors enfin nous pourrons prendre chaque matin le chemin de l’école. Nous pourrons nous asseoir auprès de nos professeurs et de nos camarades bienveillants. Nous pourrons enfin apprendre, dès l’enfance, à lire, écrire, compter, respecter et se faire se respecter. Et nous pourrons étudier aussi longtemps qu’il le faudra pour réaliser nos potentiels, puisque c’est la promesse que la République fait à chaque enfant, quelles que soient sa naissance et sa condition. » »

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