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Tribune « Les mineurs étrangers ont le sentiment d’être des miraculés et aspirent à l’intégration »

Publié le : lundi 5 octobre 2020

Voir en ligne : https://www.lemonde.fr/idees/articl...

Source : Le Monde

Auteur : Manuel Boucher, Professeur des universités en sociologie à l’université de Perpignan Via Domitia

Extraits :

« Tribune. L’attaque au hachoir survenue le vendredi 25 septembre rue Nicolas-Appert (dernière adresse connue de Charlie Heddo), dans le 11e arrondissement de Paris, a été perpétrée par un jeune ressortissant pakistanais. (...) Dans ce contexte, les résultats d’une enquête récente sur la prévention des radicalités musulmanes par les travailleurs sociaux de la protection de l’enfance, conduite sous ma direction, apportent des éclairages quant au risque de radicalisation d’une minorité de mineurs étrangers non accompagnés vivant sur le sol français.

« Vivre une vie meilleure »

En France, les MNA viennent de plusieurs endroits du monde, mais principalement de pays d’Afrique subsaharienne. Néanmoins, quelques-uns sont également issus d’Asie du Sud, en provenance du Bengladesh ou du Pakistan. Ces jeunes se déclarent mineurs même si certains savent qu’ils ne le sont pas, tandis que d’autres ne connaissent pas réellement leur âge. Généralement, les travailleurs sociaux qui les accompagnent notent que les MNA ont migré pour des raisons économiques. Ils migrent parce qu’ils ont été missionnés par leur famille ou leur communauté villageoise et ont le projet de « vivre une vie meilleure » que dans leur pays d’origine.

Les jeunes musulmans représentent la très grande la majorité des MNA. Venant de pays où la religion a une place importante dans la vie quotidienne, la plupart d’entre eux sont assez conservateurs sur le plan des mœurs et mettent un certain temps à comprendre la société laïque dans laquelle ils vivent désormais. Néanmoins, à l’épreuve du processus d’acculturation, ils changent les représentations du monde qu’ils avaient intériorisées avant leur migration. Si des jeunes sont radicalisés lorsqu’ils arrivent en France, cette radicalisation est sourde car ce n’est pas ce qui saute aux yeux des travailleurs sociaux. En revanche, ce qui les interpelle est plutôt l’état de fragilité dans lequel se trouvent de nombreux jeunes qui ont vécu un parcours migratoire difficile et vivent un fort décalage entre l’environnement social et culturel dans lequel ils évoluaient (pays en état de guerre, scolarité dans des écoles coraniques…) et celui du pays d’accueil fortement sécularisé.

(...) »