Indre et Loire - Mineurs étrangers : grosse pression

Il y a le côté humain, et les chiffres. Le président du Département, Jean-Gérard Paumier, se dit toujours « très attentif à l’accueil des mineurs étrangers (les “ MNA ”, mineurs non accompagnés), car voir un jeune de 15 ans passer la nuit dans la rue à Tours, c’est intolérable. Mais, c’est notre collectivité, le conseil départemental, qui a la responsabilité et doit gérer et financer ce lourd et coûteux dispositif à la place de l’État. Tout le monde fait l’autruche sur la question migratoire, ça va déraper et faire le jeu des extrêmes aux élections européennes 2019 ».
Hier, le président Paumier fournissait à la NR les derniers chiffres de ce brûlant dossier « MNA ».

> Accueil. A la date du 3 août précisément, depuis le 1er janvier, 658 jeunes étrangers isolés ont frappé à la porte du Département, services du Champ Girault, contre 553 sur toute l’année 2017. « On sera à la fin de l’année sur un doublement, à plus de 1.000 jeunes dont la plupart sont Guinéens et Maliens, venus jusqu’à nous par des réseaux organisés », souligne le président Paumier.

> Conditions de l’accueil. Elles se compliquent, se désole-t-il. « En juin, 10 % de nos MNA demandaient un interprète. (...) » Ces traducteurs sont souvent sur Paris, et interviennent non pas sur place mais en direct par téléphone, lors du rendez-vous avec le jeune. Ils sont évidemment rémunérés, « et trouver du jour au lendemain un interprète en langue malinké, peulh, soussou, dioula, poular, albanais ou arabe, c’est compliqué ». Autre problème, des mineurs convoqués ne se présentent pas au rendez-vous : « 29 % en juin, 34 % en juillet, un sur trois. Cela désorganise le service et, comme chez le médecin, un rendez-vous non honoré ne peut pas être remplacé dans l’instant. »

> Orientation. Sur ces 658 jeunes, 351 ont été « refusés » car majeurs, 307 ont été évalués « mineurs », dont 142 réorientés depuis vers d’autres départements sur décision du procureur de la République et du tribunal de Tours car « notre Département a atteint sa capacité maximale d’accueil, selon la plateforme nationale du ministère de l’Intérieur ». Depuis le 1er janvier, 165 MNA ont finalement été admis à l’Aide sociale, à la charge exclusive du Département, soit en cumulé un total actuel de 311 MNA (dont 49 qui en sortiront avant la fin 2018, à leur majorité).
Le Département mobilise maintenant dix agents, trois de plus, bientôt onze sur ce dossier.