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Seine-et-Marne : le sort des jeunes migrants à la rue au cœur d’un bras de fer

Publié le 15-05-2018

Source : Le Parisien

Auteur : Faustine Léo

Extraits :

« Etat et département se renvoient la balle au sujet des jeunes migrants isolés arrivés mineurs qui se retrouvent à la rue le jour de leur majorité. Le Conseil d’Etat met le conseil départemental devant ses responsabilités légales.
Les langues se délient et le sort des migrants mineurs, accueillis en Seine-et-Marne puis laissés à leur sort à leur majorité, n’en finit plus d’émouvoir les membres des associations mandatées par le conseil départemental (CD 77) pour les guider dans leur nouvelle vie. « Ils ont vécu l’enfer pour venir jusqu’ici, ils veulent étudier, s’intégrer en choisissant des métiers en tension. Et on les met à rue le jour de leurs 18 ans », s’emporte Sonia, salariée d’une association d’aide aux mineurs. » Ils sont courageux, volontaires. Leurs patrons sont très contents d’eux. Et leur monde s’écroule une nouvelle fois à 18 ans ».

On pourrait croire qu’après avoir échappé de peu à l’esclavage en Libye et à la noyade en Méditerranée, le plus dur est passé pour Amadou. Le jeune homme au regard triste a dû, à contrecœur et sur les conseils de l’association, attaquer le CD 77 pour continuer à bénéficier de sa protection, comme le prévoit la loi. Apprenti cuisinier en alternance entre l’Utec, à Emerainville, et une pizzeria, Amadou, arrivé du Mali à 14 ans, a dû quitter le foyer de l’Aide sociale à l’Enfance le jour de sa majorité, le 14 mars.

Des dizaines de migrants tout juste majeurs se retrouvent ainsi dans la rue, souvent près de la gare de Melun. « Parfois mon patron me laisse dormir dans la pizzeria. Sinon j’appelle le 115. J’essaie de ne pas dormir dehors. J’ai bientôt des examens et je ne sais pas où étudier dans un lieu tranquille », précise Amadou.

Le tribunal administratif a enjoint mercredi le CD 77 de lui trouver une solution sous huit jours. « Je vais avoir combien de dossiers de ce genre ; 10, 20, 30 par semaine ? », a lancé la juge à l’avocat du CD 77. « Le département a l’obligation d’accompagner les jeunes majeurs jusqu’à la fin de l’année scolaire », a-t-elle affirmé.

(...)

« Je veux faire baisser les coûts de prise en charge par les associations. La journée doit passer de 170 à 100 € », prévient le président qui souhaite que « les mineurs migrants sortent du dispositif de l’ASE six mois avant leur majorité ».

Amadou a rendez-vous à la préfecture début juillet pour sa demande de titre de séjour. « Si on arrête de m’aider maintenant, ça sert à quoi d’avoir investi tant d’argent dans ma formation ? », demande-t-il. « Je ne veux qu’un toit. Je peux me débrouiller pour me nourrir et m’habiller. Et quand j’aurai un travail je serai fier de payer des impôts en France ! »

A la rue depuis deux semaines, Abdallah, 19 ans, est mort poignardé

Sa mère avait peur qu’il se noie dans la Méditerranée. Le destin d’Abdallah, est encore plus tragique, puisque ce jeune migrant Egyptien arrivé en France il y a trois ans, a été tué lors d’une rixe à Melun à 19 ans, le 2 mai dernier.

Pour l’association qui l’ a suivi lorsqu’il était mineur, par délégation du conseil départemental, « ce drame reflète le sort des migrants mineurs, qui se retrouvent démunis le jour de leur majorité. Il a dû se débrouiller tout seul depuis janvier, regrette Marie-Geneviève Durand, qui avait remarqué son « amaigrissement progressif ».

La salariée de l’association qui a aidé Abdallah tout au long de son parcours poursuit : « Le tribunal administratif avait enjoint le département de s’en occuper après sa majorité mais cela s’est arrêté le 16 avril, le jour de son premier examen. Il venait souvent prendre une douche ici, dans nos locaux. Mais il refusait toujours que je lui donne de l’argent. C’etait un garçon respectueux, serviable, pacifique ».

Pour le département, « suite à la décision du tribunal, ce jeune était de nouveau en contrat jeune majeur depuis le 23 mars. La fin de sa prise en charge était prévue pour le 30 juin ». C’est tout le lycée des Pannevelles de Provins, où Abdallah terminait brillament un CAP de carreleur, qui est ému. Ses amis sont allés mercredi dernier se recueillir au funérarium de Corbeil-Essonnes (Essonne). Reste à trouver une solution avec l’ambassade pour rappatrier son corps en Egypte. »

Voir en ligne : http://www.leparisien.fr/seine-et-m...