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Emmaüs Gironde dénonce une « opération concertée » contre sa mission d’accueil des mineurs étrangers

Publié le 6-12-2018

Source : Rue 89 Bordeaux

Auteur : Simon Barthélémy

Extraits :

« L’association compte porter plainte pour diffamation contre le collectif Mineurs isolés étrangers (MIE), qui a accusé Emmaüs de maltraitance envers les jeunes hébergés au foyer de Martillac.

« Tous les salariés du mouvement Emmaüs (400 personnes en Gironde, NDLR) se sont senties blessées par ce qu’ils ont pu lire dans la presse et sur les réseaux sociaux, ils vivent cela comme une profonde injustice, tant ce qu’on leur demande est lourd et pénible. »

Pascal Lafargue commence donc ce jeudi par leur « rendre un hommage sincère et appuyé », notamment aux 200 salariés du Pôle enfance de l’association « dans la tempête ». 15 jours après les accusations graves lancées par le collectif Mineurs isolés étrangers (MIE), le président d’Emmaüs Gironde, encadré de l’ensemble de son conseil d’administration, expose à la presse sa « contre-attaque » :

(...)

« Accusations mensongères »

(...) L’association récuse en effet les « accusations mensongères » portées contre elles, poursuit Pascal Lafargue :

« Une responsable d’Asti, membre du collectif MIE, fait courir la rumeur selon laquelle nous faisons seulement du gardiennage, c’est insupportable. Nous avons 35 éducateurs à Martillac pour 43 MNA sur ce site, et 100% de ces jeunes ont un contrat d’apprentissage, un stage, ou sont scolarisés. »

Si le président d’Emmaüs Gironde reconnaît quelques difficultés, il n’accepte pas non plus les soupçons de maltraitance.

« On a accueilli trop d’enfants d’un seul coup, explique Yasmina Mohamed, directrice du Pôle enfance de l’association. Cela s’est fait dans l’urgence. A la fin du plan grand froid, lors de la fermeture du gymnase Aliénor, 40 MNA n’avaient pas de solution d’hébergement, nous les avons reçu à Martillac. Alors oui, il y a eu des dortoirs le temps d’installer des tétrodons et de les brancher au réseau. Depuis ils peuvent vivre à un, deux ou trois par chambre. Mais ils ne dorment pas sur des matelas par terre, contrairement à ce qui a été dit. Je rappelle que des mineurs sont morts dans la rue, je préfère qu’ils dorment dans des dortoirs que de rester dehors. »

Pour les responsables de l’association fondée par l’Abbé Pierre, la question de l’ouverture des comptes en banque a « cristallisé les choses », poursuit Yasmina Mohamed :

« Aujourd’hui des MNA bossent et ne peuvent pas toucher leur salaire car pour ouvrir un compte en banque en France, il faut un passeport, des papiers, surtout pour les mineurs. C’est un vrai problème pour toutes les institutions, et cela génère des incompréhensions de la part de nos entreprises partenaires. »

Pas d’eldorado

Alors, « oui, il y a de la violence sur les lieux d’accueil de MNA d’Emmaüs et partout en France, mais ce sont les MNA qui sont violents avec les éducateurs », lâche Pascal Lafargue :

« Et je ne leur jette pas la pierre, je sais ce qu’ils ont vécu. Certains étaient des enfants soldats, beaucoup croyaient que la France était un eldorado où ils auraient droit à un logement, et que l’Etat français qui a pillé leur pays leur doit bien cet accueil là. »

Le président d’Emmaüs affirme donc qu’il ne « pardonne pas » au collectif MEI. Mais il dédouane certaines organisations représentées dans ce dernier, « des associations connues et reconnues avec lesquelles Emmaüs travaille normalement habituellement ». Brandissant des courriers adressés à Emmaüs reçus par des responsables de Médecins du Monde et de la Ligue des droits de l’homme, Pascal Lafargue signale que ces deux mouvements se désolidarisent de l’initiative prise par certains de leurs membres.

(...)

Reste à régler quelques problèmes maison… Pascal Lafargue reproche en effet à Emmaüs France d’avoir communiqué sur une enquête interne lancée pour démêler cette affaire, avec un déplacement de ses responsables à Martillac.

« Emmaüs France a fait exactement comme le collectif MIE. Quand on est saisi d’un problème on va sur place et on donne suite ou pas, mais on ne relaie pas des trucs non vérifiés. Je vais faire une lettre ouverte aux 300 groupes pour dire que la direction parisienne s’est comportée comme une administration centrale aveugle. Et j’en parlerai avec le nouveau président Hubert Trapet qui vient bientôt me voir. »

(...) »