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« J’ai la tête qui brûle » : pour les migrants arrivés à Clermont-Ferrand, l’urgence est aussi psychique

Publié le 7-01-2019

Source : La Montagne

Auteur : Pierre Peyret

Extraits :

«  A l’urgence sanitaire de certains migrants s’ajoute un autre aspect, moins connu : la prise en charge psychique. A Clermont-Ferrand, la question est loin d’être négligée.

« J’ai le corps qui chauffe », « la tête qui brûle », « Ça tape à l’intérieur ». Pour les migrants, majeurs ou mineurs, l’arrivée en France n’est pas une fin en soi. Certes, elle correspond à l’ultime étape d’un périple qui se sera étalé sur plusieurs mois, voire plusieurs années, et qui les aura conduits à traverser plusieurs pays. Long, difficile et éprouvant, cet exil laisse des traces, physiques comme psychologiques.

C’est sur ce dernier point que s’est penché l’Orspere-Samdarra au cours d’une journée d’étude sur la question de la santé mentale des enfants et adolescents à l’épreuve des parcours migratoires organisée à Clermont-Ferrand.

« Tout au long de leur parcours, ils sont confrontés à de nombreux événements qui laissent des marques psychiques », confirme le docteur Anne-Laure Pontonnier, psychiatre et membre de l’Equipe mobile de soins en psychiatrie du Centre hospitalier Sainte-Marie de Clermont-Ferrand.

« Pour un grand nombre, le passage en Libye est la partie la plus traumatisante après la traversée de la Méditerranée. », Corentin BAILLEUL (Chargé de plaidoyer à l’Unicef)

Douleurs musculaires, hypervigilance, céphalées...

Douleurs musculaires, céphalées et autres sensations de chaleur dans le corps comme formulées plus haut sont autant de symptômes somatiques exprimant des états de détresses psychiques alors qu’ils vivent, notamment les mineurs non accompagnés, dans un climat d’insécurité permanente.

Des pensées suicidaires, des troubles du sommeil, une hypervigilance, des bruits, des odeurs ou des cauchemars peuvent venir s’ajouter. « On retrouve là des troubles cliniques que l’on rencontre sur des terrains humanitaires », explique le Dr Asensi.

« Les difficultés d’apprentissages doivent aussi être questionnées », souligne le Dr Pontonnier « car elles ne relèvent pas forcément de problèmes cognitifs. La vision de la maladie mentale n’est pas la même chez nous », poursuit la psychiatre.

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Des cas de dépression sont même détectés chez les nourrissons.

Au quotidien, il arrive aussi que l’enfant soit mis à une place qui n’est pas la sienne. C’est par exemple le cas dans les Centres d’accueil pour demandeurs d’asile.

« L’enfant minimise sa souffrance »

« Certains se retrouvent à faire l’interprète et à traduire par exemple des messages de menaces destinés aux parents », illustre Isabelle Barthod-Malat, cheffe de service du Cada de Haute-Loire. « L’enfant oublie de faire part de sa souffrance. Face à la douleur de ses parents, il minimise la sienne ».

Pour les professionnels, les traumatismes à gérer sont multiples et cumulatifs surtout qu’ils doivent aussi tenir compte d’un élément extérieur : l’incertitude de l’avenir. « Ils ne savent pas si le pays va les accueillir ».

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L’impact des conditions sociales et administratives

De l’autre, les conséquences trop souvent négligées. Si les psychotraumatismes constatées chez les exilés récemment arrivés en France résultent en premier lieu des causes ayant provoqué leur départ ainsi que des conséquences immédiates de l’exil (comme la perte des proches ou du statut social), le Comede va plus loin. Et soulignent l’impact « des conditions sociales et administratives que ces personnes rencontrent lors des premiers mois ou années en terre d’exil ».

Expérience douloureuse passée et situation complexe présente se mêlent, perturbant tout futur. Et pour cause. Près de la moitié présentent des troubles de la concentration, de l’attention et/ou de la mémoire.

« Ces troubles peuvent avoir un impact sur l’apprentissage d’une nouvelle langue, sur les démarches administratives à effectuer ou encore sur la capacité des demandeurs d’asile à mettre en récit leur parcours d’exil devant l’Ofpra. », COMEDE

Si l’étude est le moyen d’alerter sur la situation actuelle, elle permet de briser certains clichés. Les psychotraumatismes représentent un tiers des maladies graves, bien loin devant les maladies infectieuses comme la tuberculose ou le VIH.  »

Voir en ligne : https://www.lamontagne.fr/clermont-...