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Marseille : les mineurs isolés, du squat à l’hôtel

Publié le 11-04-2019

Source : Libération

Auteure : Julie Le Mest

Extraits :

«  Après plus de trois mois d’occupation et de mobilisation, les 178 mineurs du 59, avenue de Saint-Just ont été évacués et enfin « mis à l’abri » par le département comme la loi l’impose. Une réaction tardive et sans garantie selon le collectif qui les a pris en charge jusque-là.

Ils étaient 178 mineurs étrangers à vivre là. Moins d’une semaine après leur dispersion, les occupants du squat du 59, avenue de Saint-Just, dans le XIIIe arrondissement de Marseille se retrouvent dans un petit parc, près du centre-ville. En cet après-midi d’avril, ils sont une centaine de jeunes migrants, auparavant hébergés là-bas, à s’être installés en rond sous les arbres. Au milieu, Romain, un des bénévoles du collectif qui s’occupe d’eux depuis plusieurs semaines, donne des infos et fait du coaching en vue des tests qu’ils doivent passer pour attester de leur minorité, une forte source d’inquiétude. « Si vous n’êtes pas sûrs d’une date, dites-le, plutôt que de vous contredire », leur conseille-t-il.

Un peu à l’écart, Lamine*, Malien de 17 ans, est aujourd’hui hébergé à l’hôtel, après deux mois et demi passés dans le squat Saint-Just. Une solution qui lui a été proposée, comme aux 178 autres, jeudi dernier, par l’Addap13, l’association déléguée par le département pour l’accueil des mineurs non accompagnés. (...)

Cantine collective quotidienne

Il faut dire qu’au 59, les nombreux bénévoles mobilisés avaient mis en place un suivi efficace. Pendant plus de trois mois, 250 personnes, mineurs et familles migrantes, ont vécu dans le vaste bâtiment de 70 chambres. Initialement, l’occupation des lieux, qui a commencé le 18 décembre, ne devait être que temporaire : il s’agissait symboliquement d’occuper cette bâtisse vide située juste en face des locaux du département des Bouches-du-Rhône, déjà condamné 186 fois par la justice l’an dernier pour non-respect de ses obligations envers les mineurs migrants, notamment celle de leur mise à l’abri.(...)

Face à l’afflux, les équipes de bénévoles ont dû s’organiser. Cantine collective quotidienne, fourniture de biens de première nécessité, mais aussi un suivi sur l’accès aux soins et aux droits, et un accompagnement à la scolarité… Comme 150 autres mineurs, Lamine a ainsi pu passer le test de niveau indispensable pour une scolarisation en France, quand il était au squat Saint-Just. Parallèlement, le collectif a mené régulièrement des actions pour interpeller les autorités, conseil départemental en tête, afin qu’ils prennent le relais, comme la loi l’impose.

« Sortie honorable »

Dans ce bras de fer, le collectif a bénéficié d’un allié précieux : le diocèse de Marseille. L’institution, propriétaire du bâtiment squatté, devait en conclure la vente le 31 mars avec l’Institut méditerranéen de formation et de recherche en travail social, une école de travailleurs sociaux. (...)

La semaine dernière, après des semaines de mobilisation, des places en hôtel ont finalement été débloquées par les pouvoirs publics, et les mineurs relogés avec l’accord du collectif. Les bénévoles restent toutefois mobilisés : un référent va être désigné pour chaque hôtel où les mineurs ont été hébergés. Il faut aussi assurer le suivi des 96 personnes, essentiellement des familles, toujours présentes dans le squat et qui ont refusé les solutions d’hébergement proposées par la préfecture. Pas assez de garanties, estiment-elles, notamment sur la pérennité de la prise en charge.

« Rester vigilants »

De son côté, l’Addap13 assure que des moyens ont été déployés pour faire face à la situation, du moins pour la prise en charge des mineurs de Saint-Just : outre la création de 150 places en hôtel, l’organisme annonce le recrutement de 10 CDD pour leur suivi. (...)

Depuis l’évacuation, d’autres jeunes arrivent encore au 59, avenue de Saint-Just. (...)

*Le prénom a été modifié  »

Voir en ligne : https://www.liberation.fr/france/20...