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Politique de l’enfance ou protection de l’enfance ?

Publié le 19-04-2019

Source : ASH n°3107

Auteur : Jean-Pierre ROSENCZVEIG

Extraits :

«  Membre du CNPE et ancien président du tribunal pour enfants de Bobigny, Jean-Pierre Rosenczveig revient sur la nomination, en janvier, d’Adrien Taquet en tant que secrétaire d’Etat chargé de la protection de l’enfance.

« La nomination d’un secrétaire d’État en charge de la protection de l’enfance peut satisfaire certains. Elle mérite une analyse froide pour en évaluer la portée.

(...) De fait, sans nier les compétences qu’ils déploient au quotidien, les services – publics comme associatifs – et leurs acteurs sont au taquet quantitativement, mais encore sont confrontés plus que jamais à des situations délicates, sinon tendues (...) On entend garantir aux sortants de l’aide sociale à l’enfance qu’ils seront désormais accompagnés plus systématiquement quand ils étaient les victimes de la maîtrise budgétaire : après le désengagement de l’Etat intervenu en 2008, les conseils départementaux sont réticents, sinon renoncent, à les aider au-delà de leurs 18 ans. Que dire des nouvelles exigences, au demeurant légitimes, de la loi du 14 mars 2016. (...) Les structures elles-mêmes sont dans l’activisme : plus que jamais, l’orientation d’un enfant dépend davantage des structures disponibles que de ses besoins.

(...) La protection de l’enfance dépasse largement la question des institutions de l’enfance.

La famille constitue toujours la première ligne de protection des enfants. Mais qui exerce les responsabilités parentales et quels sont, aux yeux des parents, le contenu et les limites de cette autorité parentale ? A quand une loi – que nous appelions en 2014 – pour clarifier les termes de cette question, qui recouvre déjà celle du « statut » des beaux-parents et qui concerne 8 millions de personnes ?

Comment aider les familles à exercer leurs responsabilités quand tous les services de proximité – le service social scolaire, le service de promotion de la santé des élèves, la pédopsychiatrie, les clubs et équipes de prévention déjà supprimés dans 17 départements, la protection maternelle et infantile désormais – sont en souffrance, parfois exsangues ou en crise ?

Quelles démarches pour développer les réseaux de solidarités de terrain aux parents, aux jeunes et aux moins jeunes ? Et ne parlons pas du rythme de vie des parents, des conditions de logement ou d’accès aux prestations culturelles de base… L’approche retenue est donc étriquée et mal assumée. Agnès Buzyn a tenté de nous rassurer, lors de l’assemblée plénière du CNPE du 28 janvier, en développant que son secrétaire d’Etat n’était pas strictement affecté et qu’il aurait une vision large de la protection de l’enfance. Déjà, en 1989, le Conseil d’Etat affirmait que la première ligne de protection de l’enfant réside dans son statut. Le sujet n’est toujours pas à l’ordre du jour, et sûrement pas dans le projet de code de justice pénale des mineurs. La lutte contre la pauvreté des enfants et pour un meilleur démarrage scolaire, pour utile qu’elle soit, est insuffisante. (...)  »

Voir en ligne : https://www.ash.tm.fr/hebdo/3107/tr...