InfoMIE.net
Informations sur les Mineurs Isolés Etrangers

Accueil > Actualités MIE > Protection de l’enfance. Des états généraux à l’heure du débat

Protection de l’enfance. Des états généraux à l’heure du débat

Publié le 17-05-2019

Source : ASHn°3111

Auteur : Maïa COURTOIS

Extraits :

«  Alors que la proposition de loi de Brigitte Bourguignon – adoptée dans une version décriée par les associations d’anciens enfants placés – était encore en discussion à l’Assemblée nationale, se tenaient les états généraux de la protection de l’enfance, en Seine-Saint-Denis, le 7 mai.

Les MNA, « parents pauvres » de la protection de l’enfance

La version de la proposition de loi sur l’accompagnement des jeunes majeurs, votée par les députés, restreint le nouveau dispositif de « contrat d’accès à l’autonomie » aux jeunes pris en charge pendant au moins 18 mois cumulés entre leurs 16 et 18 ans. Ce qui exclut presque de fait les mineurs non accompagnés (MNA), dont la plupart arrivent en France vers 16 ou 17 ans. Les arrivées de ces derniers représentent pourtant « le phénomène qui a sans doute modifié le plus l’aide sociale à l’enfance [ASE] ces dernières années », estime Frédéric Molossi, vice-président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis chargé de l’enfance et de la famille.

(...)

« On ne peut pas accepter que l’ASE pour les MNA soit dans un cadre repris par le ministère de l’Intérieur. Ce n’est pas notre façon de penser, et ce n’est jamais ce que l’on a demandé, martèle Isabelle Santiago. Nous ne sommes pas les services de l’Intérieur : les MNA, c’est de la protection de l’enfance. »

Des pratiques à adapter

Les travailleurs sociaux en protection de l’enfance ont dû s’adapter aux particularités de ces jeunes de plus en plus nombreux. Que ce soit sur le plan social, professionnel ou scolaire, ils forment un « public très motivé pour aller très vite dans l’insertion », assure Isabelle Santiago, vice-présidente du conseil départemental du Val-de-Marne chargée de la prévention et de la protection de l’enfance. Sur le plan de la famille, ces jeunes forment aussi un public spécifique. « Dans la loi du 14 mars 2016, on les appelle “mineurs privés temporairement de leurs familles” : on a tout dit », explique Marie-Claude Plottu, présidente de l’association En Temps, accueillant près de 100 MNA. « On a dû apprendre à travailler avec des jeunes sans travailler avec leurs familles. Eux sont en lien avec leurs familles, mais pas l’équipe. »

Les professionnels alertent sur les difficultés d’accès aux soins et le manque de moyens en pédopsychiatrie. A la sortie de l’ASE, pour les MNA comme pour tous les enfants placés, le logement est également un « point noir », selon Marie-Claude Plottu. (...)

Améliorer les pratiques

(...) On ne met plus les enfants dans des structures parce qu’elles leur sont adaptées, mais parce que c’est là où il y a de la place », regrette une éducatrice au sein d’un accueil de jour. Juliette Rose, assistante sociale au service d’AEMO de l’association Sauvegarde 93, constate « des délais qui s’allongent entre le signalement et la prise en charge effective, ce qui dilue le sens de notre travail. Il y a aussi de plus en plus de ruptures dans le parcours des jeunes ».

(...)

Renforcer les partenariats

Anne Lequenne, cheffe de service de l’association Devenir, rappelle que « la temporalité des jeunes n’est pas celle des institutions ni des adultes qui les entourent. C’est du travail sur le long terme ». Son équipe travaille en partenariat avec Essor 93, qui prend le relais pour accueillir des jeunes après 21 ans. Les partenariats font partie des principales pistes d’amélioration évoqué par les professionnels. Entre autres, en pédopsychiatrie : Thierry Baubet, professeur de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent et chef de service à l’hôpital Avicenne de Bobigny, propose ainsi des consultations indirectes, c’est-à-dire destinées aux professionnels sur les situations qu’ils ont en charge. « Cet outil nous semble génial mais il est très peu utilisé », insiste-t-il.

Le lien avec l’Education nationale est également à renforcer. (...)  »

Voir en ligne : https://www.ash.tm.fr/hebdo/3111/fo...