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Migrants : le burn-out des policiers de la rétention administrative

Publié le 22-07-2019

Source : L’Opinion

Auteur : Ivanne Trippenbach

Extraits :

«  Détresse psychiatrique, souffrance, délinquance, radicalisation… Les agents qui surveillent les étrangers en voie d’éloignement font face à une réalité nerveusement éreintante. Une routine aggravée par l’allongement de la durée maximale de rétention à 90 jours

Les faits. La députée de la Marne apparentée LREM, Aïna Kuric, a effectué vendredi une visite surprise au centre de rétention administrative (CRA) de Cornebarrieu, près de Toulouse. L’Opinion l’accompagnait. « La procédure manque cruellement de logique ​ : on est en train de défaire des processus d’intégration et de miner les conditions de travail des agents ​ », a-t-elle constaté, avant le premier débat annuel sur l’immigration prévu en septembre à l’Assemblée nationale. Fin juin, une vingtaine d’associations ont adressé une lettre ouverte au ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, pour alerter sur la situation dans les CRA.

(...)

Objectifs. La pression sur les CRA n’est pas près de se desserrer, alors qu’Emmanuel Macron a annoncé sa volonté de durcissement sur le front migratoire. « ​Il faut plus d’entrées parce qu’on est en retard sur les objectifs ​ », s’est alarmé un policier toulousain. Une politique du chiffre qui ne dit pas son nom. « ​La philosophie est d’enfermer, et le juge fera le tri ​ », résume Léo Claus. L’an dernier, quatre Français ont été placés à Cornebarrieu, dont une lycéenne en fugue. Une erreur de « ​faciès ​ » rectifiée par le juge après deux jours. Depuis début 2019, 15 familles avec 30 enfants y ont brièvement séjourné, dont un nourrisson de deux semaines.

Parfois des gens sont interpellés avec leur billet d’avion de retour ou sur la route du « ​bled ​ » pour les vacances. Fin juin, une expulsion collective par vol charter de 90 Géorgiens, dont 42 mineurs, en principe prohibée par le droit européen, a été vécue comme un nouveau palier. « ​Une expérience terrible de la France. Tous disent ​ : je n’ai rien fait. Des enfants n’ont pas eu le temps de prendre leur cartable. Même les policiers en souffrent ​ », rapporte la Cimade. Certes, les patrouilles effectuent des roulement fréquents : des journées de onze heures, aux deux tiers — « ​le top dans la police ​ », selon un fonctionnaire. Pas sûr que cela suffise. Le commandant regarde par la fenêtre et souffle ​ : « ​Qui aimerait venir travailler ici ​ ? ​ ».  »

Voir en ligne : https://www.lopinion.fr/edition/pol...