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Insalubrité : détention haute tension à Grenoble

Publié le 19-08-2019

Source : Libération

Auteur : François Carrel

Extraits :

«  Venu dans cette maison d’arrêt pour exercer son droit de visite, le sénateur divers gauche écologiste Guillaume Gontard, accompagné de journalistes, a constaté une vétusté emblématique des établissements pénitentiaires français.

« Les plus gros problèmes, ici, c’est la chaleur, les odeurs et les déchets », lâche un des deux jeunes détenus du premier étage de la maison d’arrêt de Grenoble-Varces (Isère). Sa cellule, aux murs recouverts de maillots de grands clubs de foot, est propre mais exiguë, étouffante et délabrée comme beaucoup d’autres dans cette prison mise en service en 1972. Toilettes à la cuvette jaunie par l’âge et mal isolées par une demi-cloison de 1,5 m de haut, miroir du lavabo brisé, sol usé, fenêtres aux huisseries cassées… Le pire, ce sont « les odeurs qui remontent », soupire le taulard. Les ordures jonchent le toit-terrasse qui borde toutes les cellules du premier. Les détenus des étages supérieurs balancent emballages, pain et restes de repas à travers les grillages presque toujours découpés des fenêtres, formant un tapis de déchets où pullulent les rats, dont les urines sont nauséabondes. « Ils viennent aux fenêtres, nous ne sommes pas seuls », grimace l’occupant d’une cellule.

(...)

En 2016, le Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) avait tranché dans un rapport d’inspection : « L’ensemble des locaux, à l’exception du quartier des mineurs construit en 2005, est vétuste, et les conditions d’hébergement sont indignes. » Les conditions n’ont guère changé, ont alerté en juin les avocats du barreau de Grenoble, après une visite dont ils étaient ressortis « nauséeux » face à « l’enfer de l’insalubrité de cette prison », selon Me Claude Coutaz. (...)

semi-obscurité permanente

Au cours de sa visite, Guillaume Gontard prend la mesure de la moiteur étouffante qui règne sur le bâtiment mal aéré et non isolé. Dans les cellules qu’il fait ouvrir, les détenus à demi nus revêtent à la hâte un tee-shirt et se plaignent tous du niveau trop élevé de la température. Les cellules sont très petites, 9 m2 pour deux : « L’espace disponible pour circuler est réduit à 4,5 m2, soit 2,25 m2 par personne ; l’écart avec les normes définies par le comité de prévention de la torture au Conseil de l’Europe [4 m2 d’espace vital dans une cellule collective, ndlr] est très important », écrivait le CGLPL dans son rapport de visite. En l’absence de rideaux, les fenêtres sont presque toutes badigeonnées ou opacifiées par du papier, du carton, plongeant les cellules dans une semi-obscurité permanente. Les carreaux de verre ou de plexiglas sont parfois fendus, voire brisés. (...)

Pour le personnel pénitentiaire, la maison d’arrêt est « parmi les moins demandées en raison de sa très mauvaise réputation », précise le syndicaliste. Sur la centaine de fonctionnaires de l’établissement, rares sont ceux en poste depuis plus de cinq ans. La question essentielle des douches est soulevée : les cellules n’en sont pourvues que dans le quartier des mineurs. (...)  »

Voir en ligne : https://www.liberation.fr/france/20...