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Mineurs de retour de la zone irako-syrienne : « une meilleure coordination des pratiques des professionnels impliqués »

Publié le 13-09-2019

Source : ASH n°3125

Auteur : Nadia GRARADJI

Extraits :

«  Dans son rapport d’activité 2018, la mission nationale de veille et d’information (MNVI) fait le point sur la prise en charge, à leur retour en France, des enfants mineurs de djihadistes français.

Fin juin 2019, 128 mineurs sont rentrés de zone irako-syrienne et 6 enfants d’autres zones de groupements terroristes (Yémen, Afghanistan, Egypte). Et à cette même période, 122 enfants encore mineurs se trouvent sur le territoire national et la majorité d’entre eux sont pris en charge au titre de la protection de l’enfance. 60 sont revenus sur le territoire national avant la mise en place du dispositif en mars 2017. 62 sont rentrés entre mars 2017 et juin 2019. Sur les 122 mineurs, 87 sont suivis par la PJJ au titre de mesure d’investigation et d’orientation éducative (MJIE) puis d’action éducative en milieu ouvert (AEMO). 37 sont placés concomitamment à l’aide sociale à l’enfance (ASE) et 50 sont confiés à un membre de leur famille. Telle est la situation en détails présentée par la mission nationale de veille et d’information (MNVI), dans son rapport d’activité 2018, publié en août dernier.

Problématiques multiples et complexes

« Les retours d’expériences sur les situations prises en charge démontrent la grande singularité de chaque situation », souligne la MNVI. Une grande singularité qui conduit les professionnels à ajuster leurs pratiques. « La mise en œuvre des mesures de milieu ouvert au civil (re)plonge les professionnels de la PJJ au cœur de l’assistance éducative et invite à la révision des fondamentaux de la protection de l’enfance et du développement de l’enfant. Cela incite à devoir adapter ses pratiques à la petite enfance ainsi qu’aux spécificités de ces situations, à envisager d’autres modes d’entrée en relation et à trouver de nouveaux supports éducatifs adaptés pour répondre aux demandes précises et nombreuses des magistrats ». Pour les professionnels, la prise en charge de ces « petits revenants » de Syrie présente des problématiques multiples et complexes : « médiatisation importante, configuration familiale exceptionnelle et déroutante, incarcération et/ou décès d’un des deux parents, poly traumas, discours radical d’un des deux parents ou proches parents, etc », égrène la MNVI.

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Prise en charge à deux vitesses

(...) La MNVI note que le dispositif de prise en charge de ces mineurs « dans son ensemble fonctionne bien ». Le comité de pilotage qui se réunit tous les deux mois au niveau national « permet de cibler les difficultés rencontrées renvoyant à chaque ministère concerné la responsabilité de proposer des améliorations ». Toutefois, « un écart » persiste dans l’efficience de ce dispositif entre les mineurs revenus avant l’entrée en vigueur du dispositif et après. Ainsi, les mineurs rentrés avant mars 2017, et ayant séjourné sur une courte période sur zone irako-syrienne, ont repris leur vie, ont été rescolarisés « sans que l’Education nationale n’ait pu les repérer et proposer un lieu et une scolarisation adaptée à leurs besoins ».

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Forte de tous ces constats, la MNVI conclut qu’une « marge de progression et une vigilance accrue sont nécessaires pour que tous les mineurs ayant séjourné sur zone et ayant vécu sous le joug de l’état islamique dans un contexte d’endoctrinement de leur famille puissent bénéficier de la même façon du dispositif, le traumatisme ne se jugeant pas à l’aune de la date de leur retour mais aux conditions de vie en zone de guerre ».  »

Voir en ligne : https://www.ash.tm.fr/mineurs-de-re...