InfoMIE.net
Informations sur les Mineurs Isolés Etrangers

Accueil > Actualités MIE > Insertion. Bidonvilles : quel accompagnement commun des migrants européens (...)

Insertion. Bidonvilles : quel accompagnement commun des migrants européens ?

Publié le 11-10-2019

Source : ASH n°3129

Auteur : M. C.

Extraits :

«  Les échanges franco-roumains ont nourri le 71e atelier de la délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (Dihal), portant sur les citoyens européens vulnérables en mobilité dans les bidonvilles. L’inauguration d’une coopération apaisée ? Responsables politiques et associatifs ont esquissé des pistes de travail communes pour améliorer l’insertion de ces publics.

(...)

Mieux protéger les enfants en coopérant

L’association Trajectoires travaille dans les bidonvilles entre autres sur l’enjeu de scolarisation entre Paris et la Roumanie. « Il faut que les services sociaux des deux pays travaillent ensemble sur la question de la protection de l’enfance », affirme Olivier Peyroux, sociologue et cofondateur de l’association. Certains enfants étaient scolarisés dans leur pays d’origine, et aucun souci de maltraitance n’avait été détecté par l’assistante sociale : alors, « une médiation suffit, c’est que la famille est dans la méconnaissance des démarches ». D’autres étaient dans des situations de déscolarisation et alertaient déjà les services de protection de l’enfance en Roumanie : une continuité doit alors être assurée avec les services sociaux français. La mise en commun du suivi social se fait ainsi au nom d’« une meilleure protection de ces mobilités ». D’autant que certains groupes exploitant des mineurs sont actifs dans plusieurs villes européennes : le sociologue donne l’exemple de l’un d’eux, connu depuis 2004, et présent tour à tour à Berlin, Paris, Londres et Madrid. Dès lors, émerge « la nécessité de créer des réseaux européens, ancrés localement, de protection de l’enfance ». Cela évite également les préjugés réciproques. Olivier Peyroux relate qu’une assistante sociale roumaine lui a expliqué que « le contexte migratoire favorise les mariages précoces, là où, en Roumanie, cela pose des problèmes légaux… » De quoi « éviter le prisme culturel » des professionnels français des services de protection de l’enfance, pouvant les amener à penser que « ce n’est pas grave, ce sont des Roumains, ils ont des pratiques bizarres… »

Repérer les mineurs vulnérables commence dès la rue. La Ville de Paris a mis en place des maraudes organisées par deux travailleuses sociales, en lien avec l’aide sociale à l’enfance. Elles ont pour but de repérer les potentielles exploitations d’enfants à la rue par leur famille, ce qui peut, « en dernier recours, aboutir à un placement », explique Pierre-Charles Hardouin, chef du département des actions préventives et des publics vulnérables de la ville. Depuis 2017, sur 1 000 enfants évalués, 117 placements ont été concrétisés.

Pierre-Charles Hardouin souligne par ailleurs « le besoin d’échanges d’informations entre services sociaux et services scolaires ». Il précise ainsi qu’il n’y a « aucune volonté de la part de la Ville de Paris de les chasser. Le message c’est : bienvenue à Paris, mais sous réserve de scolarisation ! » Une étude d’évaluation, lancée avec Trajectoires et intitulée « Que sont-ils devenus ? » permettra bientôt « d’identifier si nos mesures de protection ont amélioré la situation de l’enfant, permis de le scolariser… Ou si cela n’a fait que déplacer le problème, avec des enfants exploités dans une autre ville européenne ou revenus en Roumanie », précise le chef de département.

« Secret professionnel partagé »

Sur la question récurrente de la scolarisation, Liliana Hristache, membre de l’association Rom réussite et du conseil d’administration du CNDH Romeurope, soulève un problème moins connu que celui de la bataille pour inscrire à l’école les enfants des bidonvilles. Le fait est que, même une fois scolarisés, ces derniers n’auraient souvent « pas droit aux allocations familiales ni aux fournitures scolaires ». A ce sujet, « la position de la France est ouverte et même généreuse, malgré les critiques que l’on peut émettre », défend Manuel Demougeot. Mais Liliana Hristache maintient que, dans son association, certains enfants « sont depuis six ans à l’école, mais leurs familles n’ont toujours pas droit aux allocations ».

D’autres limites se posent autour de ces mineurs vulnérables. D’abord, le problème de la langue, prééminent dans le travail de rue, complique la possibilité d’« avoir une accroche » avec eux. S’agissant des échanges d’informations entre services de protection de l’enfance de pays européens, la problématique de la protection des données « peut bloquer, c’est vrai », reconnaît Olivier Peyroux. « Mais il y a la possibilité de travailler sur un secret professionnel partagé », encourage-t-il. (...)  »

Voir en ligne : https://www.ash.tm.fr/hebdo/3129/fo...