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Un plan pour la protection de l’enfance mi-fric, mi-flou

Publié le 14-10-2019

Source : Libération

Auteur : Anaïs Moran

Extraits :

«  Le secrétaire d’Etat Adrien Taquet a présenté ce lundi sa réforme pour la protection de l’enfance. Dotées de 80 millions d’euros de budget supplémentaires, les mesures annoncées ne sont pas franchement saluées par les acteurs de ce secteur submergé par les difficultés.

(...)

Après six mois d’auditions et d’accumulation de rapports d’experts, le secrétaire d’Etat Adrien Taquet a enfin dévoilé ce lundi l’intégralité de ses mesures pour la « prévention et la protection de l’enfance ». Mais force est de constater que la réforme annoncée est loin d’être accueillie avec enthousiasme par les militants et professionnels du secteur. (...)

1) Ce qui manque

Nombreuses revendications portées par les acteurs de la protection de l’enfance ne sont pas au rendez-vous. La liste des grandes absentes est longue. Ainsi, le secrétaire d’Etat a finalement abandonné l’idée de fonder une agence indépendante pour contrôler les violences en établissements ; a fait marche arrière sur la création d’un fichier national et centralisé permettant d’identifier les familles d’accueil maltraitantes ; n’a proposé aucune mesure concrète pour accompagner les jeunes majeurs à la sortie de l’ASE ; s’est retiré de la problématique des « taux d’encadrement mal adaptés » qu’il avait lui-même souligné ; n’a pas dit un mot sur la possibilité pour un enfant d’être assisté d’un avocat dans les procédures d’assistances éducatives. Des mesures qui avaient pourtant été « développées et discutées des heures entières lors des séances de travail », regrette Léo Mathey. « C’est bien beau de prôner que la stratégie est le fruit de plusieurs mois de collaboration entre les professionnels et le gouvernement. Mais c’est complètement faux, s’agace Lyes Louffok. Adrien Taquet n’a rien conservé des mesures ambitieuses. »

2) Ce qui est flou

Pour certaines mesures, les intentions sont réelles mais les conditions de leur réalisation trop imprécises. Au sujet des familles d’accueil, le secrétaire d’Etat confirme la nécessité de « repenser » le modèle (un tiers des assistants familiaux aujourd’hui en poste prendront leur retraite d’ici cinq ans) mais ne propose pour l’heure qu’une obscure « mission de négociation » confiée aux directeurs des ressources humaines de chaque département. Idem en ce qui concerne les mineurs non accompagnés : si la stratégie nationale leur promet de « garantir la continuité de parcours et l’accès aux soins une fois majeurs », elle reste très approximative sur la possibilité (...) de pouvoir bénéficier de cette aide.

(...)

3) Ce qui est concret

D’abord, 80 millions d’euros supplémentaires vont être posés sur la table pour compléter les 8 milliards investis annuellement pour la protection de l’enfance. Ensuite, vingt nouveaux relais parentaux devraient voir le jour, soit le double de ce qui existe aujourd’hui (ces lieux accueillent 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 des enfants dont la famille traverse des difficultés momentanées), 600 nouvelles places en établissement devraient être créées (notamment pour favoriser le maintien des fratries) ainsi que 50 structures spécialisées dans l’accueil des enfants de l’ASE en situation de handicap.

Concernant le volet préventif, le secrétaire d’Etat veut rendre obligatoire les bilans de santé en école maternelle (réalisés aujourd’hui dans 70% des cas) et l’entretien prénatal du quatrième mois (actuellement facultatif et pratiqué par 30% des femmes enceintes). Des avancées qui ne sont pas « conquérantes » mais qui ont le mérite d’avoir « été actées, estime Laurence Rossignol, ancienne ministre des Familles et de l’Enfance. Ce que je peux saluer, c’est la volonté de faire de M. Taquet. Mais ce que je vois, c’est qu’il a perdu ses arbitrages face à son propre gouvernement »  »

Voir en ligne : https://www.liberation.fr/france/20...