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« Il faut en France un ministre de l’enfance, pas de la protection de l’enfance »

Publié le 19-11-2019

Source : Le Monde

Tribune : Claire Brisset et Jean-Pierre Rosenczveig

Extraits :

«  A l’heure du 30e anniversaire de la Convention internationale des droits de l’enfant, Claire Brisset, ancienne Défenseure des enfants, et Jean-Pierre Rosenczveig, magistrat honoraire, déplorent, dans une tribune au « Monde », le fossé persistant entre l’affirmation des droits formels et la réalité.

Tribune. Il y a trente ans, le 20 novembre 1989, l’immense salle de l’Assemblée générale des Nations unies, à New York, résonnait des acclamations qui saluaient l’adoption de la Convention internationale des droits de l’enfant. Trois décennies plus tard, ce texte est devenu le traité le plus ratifié au monde puisqu’un seul pays manque à l’appel, les Etats-Unis.

Mais est-il besoin d’ajouter que cet anniversaire soulève autant d’enthousiasme devant le chemin parcouru que d’amertume devant l’étendue de ce qu’il reste à accomplir ?

Il y a trente ans, plus de 15 millions d’enfants de moins de 5 ans mouraient chaque année des effets conjugués de la malnutrition et des maladies infectieuses. Aujourd’hui, ce chiffre est tombé à moins de 6 millions, un progrès fulgurant à l’échelle de l’histoire humaine. Des avancées analogues ont été accomplies dans le domaine de l’éducation : l’effectif des enfants privés de toute forme de scolarisation est tombé dans le même laps de temps de 120 millions à moins de 60 millions avec, fait notable, une hausse très nette de la scolarisation des filles.

Des droits propres à leur vulnérabilité

De telles avancées n’auraient pu voir le jour si le droit des enfants n’était devenu, au fil de ces trois décennies, un objet politique. Auparavant traités comme de simples extensions de la personnalité juridique de leurs parents, les enfants sont désormais investis de tous les attributs que leur confère leur statut d’êtres humains, dotés de surcroît des droits particuliers propres à leur vulnérabilité. Il n’est plus un politique, plus un Parlement, fût-ce dans les régimes les plus autoritaires, qui puisse aujourd’hui s’en abstraire.

Mais la réalité impose une autre analyse. Les progrès indiscutables que chacun constate s’accompagnent d’une violence à l’égard des enfants qui n’a pas désarmé. Plus que jamais, les enfants sont victimes des conflits armés qui ensanglantent la planète. Au Moyen-Orient, en Afrique centrale, au Myanmar, pour ne prendre que ces exemples, la guerre les tue, les mutile, les prive de leurs parents, de leurs maîtres, de leurs écoles, les déracine, les transforme en réfugiés, et pire encore, en soldats. Nous vivons dans un monde où les champs de bataille ont disparu, remplacés par les villages, les champs ou les rizières ; où les uniformes qui permettaient de distinguer les civils des soldats n’ont plus grand sens ; où les hôpitaux et les écoles sont des cibles militaires.

Violence encore dans les usines, les échoppes, les ateliers, les entreprises petites et grandes où sont exploités quelque 200 millions d’enfants. Violence des bordels sordides où des esclaves sexuelles doivent céder à tout fantasme et se laisser filmer pour une industrie, la pédopornographie, qui ne connaît aucune limite, grandement aidée par les nouvelles technologies. (...)  »

Voir en ligne : https://www.lemonde.fr/idees/articl...