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Proxénétisme nigérian : « Leur ancien statut de victime ne doit pas atténuer leur responsabilité »

Publié le 6-12-2019

Source : Dalloz actualité

Auteur : Julien Mucchielli

Extraits :

«  L’avocat général a requis des peines de cinq à quinze ans de prison, contre six prévenus, accusés pour cinq d’entre eux de proxénétisme, pour quatre d’entre eux de traite des êtres humains, pour l’un d’entre eux d’aide au séjour irrégulier. La décision devrait être rendue dans la soirée du vendredi 6 décembre.

(...)

C’est le témoignage de Glory qui a provoqué cette demande. Partie civile, elle avait fait état de la présence de Charles sur les lieux de prostitution, le désignant comme un rouage du système qui oblige ces jeunes femmes à se prostituer.

Puis, l’avocat général, au cours d’un réquisitoire long de deux heures et demie, s’est apitoyé sur le sort des victimes. « Ce dossier montre très clairement une chose : la prostitution, c’est le viol. C’est le mécanisme de violence caractéristique du viol : cette emprise, cette violence, cette contrainte, c’est le proxénète qui l’exerce », a-t-il entamé, reprenant en partie la rhétorique de l’avocate de l’association « mouvement du nid », partie civile, qui, la veille, avait plaidé que « derrière la prostitution, c’est ni plus ni moins de la torture, des actes de barbarie, du viol ».

Une autre avocate d’association partie civile avait dit : « Vous êtes dans un cas où les accusées ont elles-mêmes été victimes, elles ont reproduit le seul schéma qu’elles connaissaient. Il faut que vous vous en souveniez : c’est un système dont elles subissent le contrecoup. » Elle avait souligné le rôle joué par les hommes : « on entend beaucoup parler des Mama, or il y a toujours la majorité des cas des hommes qui s’occupent de ce trafic. »

C’est un raisonnement que l’avocat général n’a pas souhaité reprendre. « On vous dit en défense que les accusées sont aussi des victimes de ce système, certes, tout est système, mais en toute hypothèse, elles ont leur libre arbitre. Elles furent des prostituées. Mais, à la différence des parties civiles, elles se sont inscrites assez rapidement dans une option entrepreneuriale de ce métier, c’est-à-dire qu’elles ont choisi non pas de quitter le métier, mais d’en tirer un bénéfice. Si elles en sont là, c’est qu’elles ont un jour divergé de leur statut de victime, et ni le système ni leur ancien statut de victime ne doivent atténuer leur responsabilité. Ce qu’il faut rappeler, c’est que la femme africaine a pu être aussi une femme entreprenante, une femme guerrière, et il ne faut pas que vous ayez à l’esprit une dimension univoque de la femme africaine », a-t-il posé. (...)  »

Voir en ligne : https://www.dalloz-actualite.fr/fla...