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Comment des dizaines d’enfants roms ont été exploités pour des vols à la tire

Publié le 30-05-2020

Source : RTS Info

Auteure : Caroline Briner

Extraits :

« Un réseau de 78 voleurs mineurs, actifs dans le métro parisien notamment durant l’Euro 2016, a été démantelé en 2017. Diffusé par Les Docs, le film "Trafic d’enfants" retrace l’enquête internationale qui a mené à un clan basé en Roumanie. Un trafic rare, peu observé en Suisse.

De 2014 à 2017, de jeunes voleurs sévissent dans les rames ou dans les bouches du métro de Paris. Leur technique : s’approcher d’une personne, mettre la main dans son sac et en tirer des affaires. "Tu prends ce que tu arrives à prendre", témoigne une mineure. Le plus souvent, il s’agit de porte-feuilles. Mais des smartphones peuvent aussi être dérobés. Les enfants et adolescents travaillent par groupe de 2 à 5, en détournant l’attention des victimes ou en s’informant sur la présence policière par téléphone via un langage codé.
Aidée des caméras de surveillance, la police parvient à mettre la main sur ces jeunes, qui s’avèrent être principalement des Roms âgés de 9 à 17 ans.

Les enfants pratiquent le vol à la tir en groupe dans le métro.

Ils sont généralement relâchés sans poursuites judiciaires, en raison de leur âge ou faute de pièces d’identité valables.

La Brigade de Protection des Mineurs de Paris s’empare du problème et met en place en 2016 une collaboration avec la police roumaine pour tenter de mettre un terme à ces vols en série, qui s’avèrent être "une seule et même affaire". Leur enquête est racontée dans le film "Trafic d’enfants" à voir ci-dessus.

(...)

Des vols dictés par les parents

Les enfants ont été formés au vol à la tir dans leur quartier roumain, avant d’être déscolarisés et envoyés à Paris. Ils vivent dans des squats au-delà du périphérique parisien, à St-Denis. "Ils sont très cadrés et très surveillés", précise le réalisateur Olivier Ballande. Ces enfants sont extrêmement loyaux à leurs familles et assurent ne pas être victimes d’un quelconque réseau.

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"Les gosses reviennent avec un butin qui est estimé entre 200 et 800 euros par jour", déclare le directeur de l’enquête Mathieu Coletta. Mais les sommes demandées par les parents peuvent atteindre 2000 euros par jour. L’argent et la marchandise sont envoyés en Roumanie, soit par Western Union, soit par des intermédiaires, soit par les mineurs eux mêmes.

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Les parents eux, généralement, ne travaillent pas. La plupart des mères vivent avec leurs enfants à Paris. Certaines restent en Roumanie et contrôlent leurs enfants à distance. Le film démontre que les parents exercent une forte pression sur leurs enfants pour les pousser au vol. Si ceux-ci se font arrêter par la police, ils les insultent.

Bouge-toi ou tu vas voir ce que je vais te faire. Je te fous la honte à ton retour.
Un parent à son enfant

"Il y a une ambivalence : ce sont des auteurs d’infractions dans le cadre de procédures de vols. Et ce sont des victimes dans le cadre de notre procédure dans l’organisation criminelle et traite des êtres humains", relève le premier juge d’instruction Baudoin Thouvenot. Histoire de compliquer l’affaire, avec les années, les mineurs cessent de voler (le risque d’emprisonnement augmentant avec l’âge). Mais ils encadrent les voleurs, c’est-à-dire qu’ils deviennent à leur tour trafiquants...

Arrestations simultanées dans les deux pays

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Ils ne se dénoncent pas. Ils préfèrent ne pas témoigner et aller en prison. C’est la loi du silence.
Vasile Airinei - procureur roumain

(...) »

Voir en ligne : https://www.rts.ch/info/monde/11349...