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Migrants : en Gironde, la réussite de ces mineurs bien accompagnés

Publié le 18-06-2020

Source : Rue 89 Bordeaux

Auteure : Audrey Gleonec

Extraits :

« Ils sont artisans, chefs d’entreprise, économistes… Points communs : ils sont arrivés en France de l’Extrême-Orient ou encore de l’Afrique subsaharienne, et sont passés par le Centre de la Verdière à Lormont. Nous avons retrouvés la trace de ces anciens mineurs non accompagnés (MNA) devenus Français.

« Je me souviens de mon arrivée en France, j’avais 14 ans. Un passeur nous a déposé dans un jardin public à Paris, en pleine nuit. Il a dit qu’il allait nous chercher à manger et il n’est jamais revenu. J’ai marché jusqu’à une entrée de métro, je me souviens encore de son nom : Porte de La Chapelle. »

Originaire du Pakistan, Muhamad a aujourd’hui 25 ans . Il a la nationalité française et vit à Bordeaux. Devenu chef d’entreprise dans le BTP, son aventure est digne d’un roman de Romain Puertolas.

Muhamad n’a que 13 ans lorsque sa famille, au Pakistan, le confie à un passeur. C’était en 2009, se souvient-il :
« Mes parents ont vendu un terrain pour le payer. Ils lui ont donné 7000 euros pour qu’il m’amène en Europe. Quand j’ai quitté ma famille je ne savais pas ce qui m’attendait. Je me rappelle avoir pleuré pendant des heures dans la voiture qui m’emportait. »

Un départ vécu comme un arrachement dans l’espoir d’une vie meilleure :

« Mes parents ont pris ce risque car ils voulaient que je réussisse. Il n’y a avait pas d’avenir pour moi au Pakistan. »

Parti par la route de son pays, il se retrouve en Méditerranée sur une embarcation de fortune où il manque de perdre la vie. Arrivé sur les côtes grecques, il est enfermé durant 5 mois dans un camp de réfugiés. Il réussit à le quitter et s’embarque pour l’Italie. Sur place un autre passeur le récupère. C’est ainsi qu’il se retrouve à Paris.

  • Parcours sans faute

(...)

Ce parcours sans faute lui vaut, à 18 ans, d’obtenir la nationalité française. En 2016 il crée son entreprise. Celle-ci emploie aujourd’hui plusieurs salariés et enregistre pas moins de 500 000 euros de chiffre d’affaire annuel.

  • « Elle m’a dit, c’est un métier pour les Blancs »

Muhamad n’est pas une exception. Emmanuel, 22 ans, est aujourd’hui mécanicien sur avion dans l’industrie aéronautique. Arrivé en 2012 du Congo, il a passé son bac à Bordeaux. Parce que les préjugés ont la vie dure, il n’a pu compter que sur sa détermination :

« On oublie le passé parce que c’était dur. Il y a le racisme, il est réel. J’ai toujours été fasciné par les avions. J’ai su très tôt que je voulais en faire mon métier. Un jour je me suis retrouvé face à une conseillère d’orientation qui a tenté de me dissuader. Quand je lui ai dit que je voulais travailler dans l’aéronautique, elle m’a dit que c’était un métier pour les “blancs”… Elle me proposait des formations dans la maçonnerie. »

Mohamed Keita, 19 ans, vient de remporter le 2e prix d’un des meilleurs apprentis de Nouvelle-Aquitaine dans le prêt-à-porter. Il est à Bordeaux depuis 2017. Parti de Côte d’Ivoire, lui aussi, sans avoir pu prévenir ses parents, il s’est retrouvé livré au trafic d’être humains. Après un passage par la Libye, où il a été obligé de travailler pendant plusieurs mois pour payer son voyage, il se retrouve en Italie, puis arrive enfin à gagner la France. Aujourd’hui il travaille à Bordeaux, pour un créateur de robe de mariée, et rêve de créer sa propre marque.

Il y a aussi Ansoumane, originaire de Guinée. Arrivé lui aussi mineur en France, il est aujourd’hui économiste et travaille auprès un chef d’Etat africain, après avoir travaillé un temps au ministère français de l’économie et des finances. Son passage à Bordeaux l’a conduit sur les bancs de la faculté de droit, à Science Po, puis dans une grande école à Londres.

(...) »

Voir en ligne : https://rue89bordeaux.com/2020/06/m...