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« Comment le fichage biométrique renforce l’errance des mineurs isolés »

Publié le 8-11-2020

Source : Numerama

Auteure : Maia Courtois

Extraits :

« Le fichier biométrique national des mineurs non-accompagnés devait, selon le gouvernement, aider les départements à gérer l’accueil des jeunes migrants. Or, depuis le début de son déploiement, cette nouvelle procédure laisse à la porte de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) de nombreux jeunes vulnérables.

(...) D’un côté, l’adolescente dispose de documents d’identité indiquant qu’elle a 15 ans. De l’autre, les départements ont l’obligation de placer sous leur protection les mineurs isolés étrangers. Alors pourquoi S. n’a-t-elle pas été mise à l’abri ?

À son arrivée dans les Yvelines, l’adolescente a été envoyée devant la préfecture. Les autorités ont alors constaté qu’il existait un passeport où elle apparaissait comme majeure. S. a tout de suite été considérée comme telle, et s’est vue refuser l’accès à la protection de l’enfance. « L’Europe est devenue une forteresse : pour y arriver, certains enfants vont faire faire un faux passeport, ou prendre celui d’un proche », explique Violaine Husson, responsable des questions Genre et Protections à la Cimade. C’était le cas de S. : un oncle l’a aidée à partir, en finançant un réseau de passeurs. Une femme a alors fourni à S. un faux passeport pour pouvoir passer les frontières européennes et la conduire jusqu’en France, avant de l’abandonner à Paris, sur le quai de la gare du Nord.

MÉCONNAISSANCE DES RÉALITÉS DU PARCOURS MIGRATOIRE

Mais la nouvelle procédure d’évaluation des MNA, en cours de déploiement depuis un décret de janvier 2019, issu de la loi Collomb de septembre 2018, méconnaît ces réalités du parcours migratoire. Auparavant, la première étape pour un jeune se déclarant mineur isolé consistait en un entretien mené par un travailleur social. Désormais, les départements ont la possibilité de recourir aux préfectures pour collecter ses empreintes et photographies. Les autorités croisent ensuite ces informations avec les bases de données relatives aux personnes étrangères, Visabio et Agdref. Un fichier biométrique national, l’AEM (Appui à l’évaluation de minorité), centralise le tout. D’après la DGEF (Direction générale des étrangers en France), rattachée au ministère de l’Intérieur et contactée par Numerama, « 11 000 personnes ont déjà été enregistrées depuis sa création ».

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LES ARGUMENTS DU GOUVERNEMENT CONTREDITS PAR LE TERRAIN

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« L’efficacité est relative », admet l’expert de l’ADF, qui maintient « qu’au moins, cela envoie un message aux filières qui les manipulent et leur vendent des papiers non authentiques ». Cet argument est balayé par les associations : « Le signal fort, ce serait de dire : les enfants on va les protéger, et bien », rétorque Violaine Husson. « S’il y avait un mécanisme de protection solide, ce ne pourrait pas être un business. »

DES JEUNES QUI DISPARAISSENT DANS LA NATURE

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RECOURS AUPRÈS DE LA CNIL

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Voir en ligne : https://www.numerama.com/politique/...