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Toujours plus de mineurs seuls parmi les rescapés de la Méditerranée

Publié le 12-07-2022

Date de la publication : 12/07/2022
Source :
Radio Télévision Suisse

« Les sauvetages se sont multipliés ces dernières semaines au large de la Libye. SOS Méditerranée s’alerte des temps d’attente qui s’allongent pour débarquer les rescapés et de la présence toujours plus forte de mineurs non accompagnés parmi les migrants.

Le navire humanitaire Ocean Viking (SOS Méditerranée) a dû lancer un appel, début juillet, pour pouvoir accoster de toute urgence avec 306 migrants à bord. Il a finalement pu s’amarrer mardi dernier en Sicile, où les rescapés ont été pris en charge par les autorités italiennes et les organisations de secours.

Délai d’attente toujours plus long

Certains d’entre eux ont passé douze jours à bord du navire dans l’attente de pouvoir accoster. "C’est vraiment une tendance que l’on constate ces derniers mois", souligne la directrice de l’antenne suisse de l’ONG SOS Méditerranée Caroline Abu Sa’da, invitée mardi de La Matinale de la RTS. "Le délai d’attente est de plus en plus long, ce qui est un vrai problème. Cela pose énormément de soucis à bord de bateaux comme le nôtre".

Et l’été est synonyme de canicule aussi en Méditerranée. "On est sur des températures extrêmement élevées, avec des gens extrêmement vulnérables, dans des états physique et psychologique assez dramatiques", déplore-t-elle. "Et on rajoute à ça dix, onze, douze jours d’attente sans savoir exactement ce qui va se passer".

Retards dûs à l’abandon des protocoles Covid

Les délais s’allongent aussi en raison des changements intervenus cette année en matière de protocoles liés au Covid-19. "Avant, il y avait des bateaux de quarantaine, on attendait qu’ils soient libres pour que les autorités les mettent dessus", explique Caroline Abu Sa’da. "Mais il n’y en a plus à l’heure actuelle en Italie et il faut donc qu’ils réorganisent tout le système".

Ces retards ont évidemment des conséquences sur les sauvetages en mer : "Plus on attend, plus cela cause de soucis aux rescapés et plus cela nous empêche d’être sur les zones de sauvetage en Méditerranée". L’Ocean Viking devrait cependant pouvoir repartir d’ici quelques jours, le temps de le nettoyer et de le ravitailler.

"De petites embarcations dans des états déplorables"

Sa dernière opération a mis en lumière aussi des phénomènes nouveaux : "On a eu huit sauvetages différents, sur plusieurs jours, ce qui n’est généralement pas le cas. On a plutôt plusieurs sauvetages très rapprochés", explique la directrice suisse de SOS Méditerranée. "Cette fois, on en a eu plusieurs avec de petites embarcations dans des états déplorables, avec des gens qui n’avaient évidemment pas de gilets de sauvetage".

Et l’ONG a constaté aussi et depuis quelques mois un nombre élevé de mineurs non-accompagnés, presque 35% des personnes à qui elle a porté secours. "On avait aussi plus d’une cinquantaine de femmes, dont quatre enceintes" lors du dernier débarquement, précise Caroline Abu Sa’da.

"On sait que la situation ne s’améliore pas"

Aujourd’hui, la plupart de ces migrants prennent la mer depuis la Libye (lire encadré). "Ce sont des gens qui ont dérivé pendant trois-quatre jours en mer. On sait aussi, d’après l’Agence internationale pour les migrations de l’ONU, qu’une autre embarcation a dérivé pendant neuf jours et n’a pas été retrouvée. Il y a eu plus de vingt morts. Donc on sait que la situation ne s’améliore pas".

Et les humanitaires savent également que la situation empire avec l’été. "Les conditions météo font qu’il y a de plus en plus de départs. Et il y a toujours un manque de moyens de recherche et de sauvetage assez drastique".

Propos recueillis par Karine Vasarino/oang »


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www.rts.ch