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Retour à la case départ pour 40 jeunes migrants de la Croix-Rousse ?

Publié le 6-07-2022

Date de la publication : 06/07/2022
Source : Rue89Lyon
Autrice : Marie Allenou

« Malgré l’ouverture d’un nouveau lieu d’hébergement, une quarantaine de jeunes migrants de la Croix-Rousse (Lyon 4e) se trouvent toujours sans solution d’hébergement. Comme au printemps 2021, ils campent pour l’instant dans le square Ferrié.

La situation a un triste goût de déjà-vu. Ce mercredi 6 juillet, environ 90 jeunes migrants de la Croix-Rousse ont pu obtenir une place d’hébergement. Ils étaient jusque-là logés dans le squat dit du Chemineur et dans un gymnase ouvert en urgence suite à l’incendie récent du deuxième squat (Chez Gemma).

Restent les derniers arrivés, soit une quarantaine de jeunes qui se retrouvent sans toit depuis la fermeture de ces deux refuges mercredi 6 juillet. Ce mardi 5 juillet au soir, ils ont monté un campement improvisé dans le square Ferrié, à la Croix-Rousse (Lyon 4e).

Une situation qui rappelle celle de mai 2021, quand le collectif de Lyonnais baptisé "collectif de soutiens/migrants de la Croix-Rousse" avait installé des jeunes à la rue, pour la plupart venus d’Afrique subsaharienne, sous des tentes dans ce même jardin public.

Une Station numéro 2 pour reloger les jeunes migrants de la Croix-Rousse

Sur les 90 jeunes des squats du Chemineur ou de Chez Gemma qui ont pu trouver une place d’hébergement ce mercredi, certains ont été pris en charge par les services de la préfecture, d’autres ont pu intégrer la Station 2.

Il s’agit d’un dispositif inédit, financé par la préfecture et la Métropole de Lyon. Les jeunes migrants y sont logés et accompagnés le temps de leur recours devant un juge des enfants. Ce nouveau lieu vient compléter la Station numéro 1 ouverte en 2021 par la Métropole de Lyon. En tout, les deux dispositifs comportent 92 places.

"Ce qu’on a réussi à faire ce matin, c’est un travail de l’État et de la Métropole qui a bien fonctionné, se félicite le sous-préfet Julien Perroudon. Je ne veux pas qu’on réduise cela à "on a laissé 40 jeunes dans un square". Aujourd’hui, près de 100 jeunes ont pu être pris en charge à la Station, on peut en être fiers."

Quelles solutions pour les jeunes migrants sans toit à la Croix-Rousse ?

Seul bémol, il y a en effet "40 jeunes dans un square", celui du général Ferrié, à la Croix-Rousse, depuis hier au soir. Ces jeunes migrants, arrivés plus récemment, n’ont pas été pris en compte lors du diagnostic social réalisé dans les deux squats en amont de l’opération de relogement. Cette situation de crise est aussi lié à l’incendie du squat "Chez Gemma" le 12 juin dernier.

"À l’origine, l’évacuation des deux squats ne devait pas se faire en même temps. Nous devions évacuer l’un puis l’autre et on ne devait pas avoir à prendre en charge autant de personnes", explique Julien Perroudon.

Qui doit prendre en charge ces jeunes qui se retrouvent à la rue ? Comme l’année dernière, la réponse est floue car leur situation administrative est à cheval entre la minorité et la majorité : mineurs, ils devraient être pris en charge par la Métropole de Lyon ; majeurs, ils relèvent du droit à l’hébergement d’urgence de la préfecture.

Dans ce dernier cas, Julien Perroudon évoque "une telle tension" dans les dispositifs d’hébergement d’urgence actuellement, que la priorité est donnée aux familles, et notamment aux femmes seules avec des enfants en bas âge.

Tous les jeunes migrants se disent mineurs, et relèvent donc de la Métropole de Lyon, mais leur âge a été contesté lors d’une évaluation réalisée par Forum Réfugiés. Ils ont alors entamé un recours devant le juge des enfants, qui reconnaîtra leur minorité dans 80% des cas d’après les chiffres du collectif de soutien.

Le collectif de soutien de la Croix-Rousse à bout de souffle

Les membres dudit collectif assurent le suivi quotidien des jeunes migrants depuis plus d’un an, depuis les tentes plantés dans le square Ferrié au printemps 2021 jusqu’à l’ouverture du squat du Chemineur, puis de celui baptisé Chez Gemma et enfin du gymnase en urgence. Accompagnement social et juridique, soins médicaux, repas, activités ludiques… Ces Lyonnais bénévoles s’occupent de tout. Aujourd’hui, ils disent ne plus pouvoir assurer ce travail. Nicole, membre du collectif, se montre pessimiste :

"Au collectif, on n’a plus les forces de faire ce qu’on a fait jusqu’à présent, surtout qu’on a fait le travail des institutions. On n’est pas capables de repartir pour une ouverture de squat, de la livraison de repas ou de la gestion des nouveaux arrivants. C’est très dur, moi je n’en dors plus la nuit."

Le collectif demande, a minima, l’ouverture d’un gymnase pour accueillir leurs protégés la nuit, le temps que leurs recours auprès d’un juge des enfants aboutissent.

De son côté, le sous-préfet assure que ces jeunes ont vocation à entrer dans le dispositif de la Station, une fois que des places se seront libérées. Or, pour que des places se libèrent, des jeunes migrants doivent être reconnus mineurs par le juge des enfants, puis pris en charge par l’aide sociale à l’enfance, une compétence de la Métropole de Lyon.

Mais en été, les audiences et les décisions de justice se font plus rares, et les places se libèrent encore moins vite que le reste de l’année. Pendant ce temps-là, la situation de la quarantaine de jeunes sous tente dans le square Ferrié n’a rien de vacances au camping. »


Voir l’article en ligne :
www.rue89lyon.fr