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TÉMOIGNAGE. Toulouse : à la rue depuis une semaine, un migrant raconte son quotidien

Publié le 4-09-2022

Date de la publication : 04/09/2022
Source : France 3 Régions
Autrice : Lauriane Nembrot

« Des migrants ont été expulsés d’un EHPAD désaffecté à Toulouse. À la rue, ils ont investi un collège abandonné, avant d’être contraints de revenir dans des tentes installées devant le palais de justice. Certains espèrent toujours obtenir un logement.

EHPAD des Tourelles, allées Jules Guesdes, collège Bellefontaine... Voilà plus d’une semaine qu’ils se déplacent d’un bout à l’autre de Toulouse. Vendredi 26 août, près d’une centaine de migrants ont été expulsés de l’EHPAD des Tourelles par les forces de l’ordre. Une décision prise par la préfecture de Haute-Garonne, alors qu’une décision de justice ordonnant leur départ immédiat avait été rendue depuis plusieurs mois. À la rue, le groupe, qui compte près d’une centaine de personnes dont une majorité de mineurs isolés, s’est installé aux portes du palais de justice de Toulouse, allées Jules Guesde.

À l’initiative de collectifs et d’associations qui militent pour le respect des droits des personnes migrantes, un collège désaffecté dans le quartier du Mirail, toujours à Toulouse, a été investi dans la journée du samedi 3 septembre. Mais au bout de quelques heures, des personnes se présentant comme des habitants des environs ont sommé les migrants de quitter les lieux. Les forces de l’ordre sont intervenues et ont procédé à l’évacuation des lieux.

De nouveau à la rue, les migrants sont de retour au centre-ville de Toulouse. Et ils ne désespèrent pas de trouver un logement avec l’aide des autorités françaises. Témoignage.

“Que l’État nous vienne en aide”

L’un d’eux a accepté de témoigner sous couvert de l’anonymat. Il décrit une situation “vraiment difficile”. Il fait partie de ceux qui se sont fait expulser le vendredi 26 août par les forces de l’ordre du site de l’ancien EHPAD des Tourelles. "Ça ne bouge pas. depuis qu’on a été expulsés, la situation est bloquée”, déplore le jeune homme.

Contraint lui aussi de dormir à la rue depuis l’expulsion du 26 août, il a planté sa tente devant le palais de justice de Toulouse, allées Jules Guesdes. “Vivre dans la rue comme ça, c’est vraiment difficile. On espère trouver un toit, que l’État nous vienne en aide. Qu’on soit traité comme tous les enfants. C’est notre souhait.

Avant de vivre à même le sol sous une tente, l’EHPAD des Tourelles était pour lui un refuge de fortune. Un endroit sommaire, certes, mais où il pouvait dormir au chaud et au sec. “C’était difficile mais on était bien”, confirme-t-il. “On avait des soutiens du Collectif Autonomie ou TEC 31. Ils venaient nous donner des cours. C’était bien mieux que d’être dans la rue”.

Une majorité de personnes mineures

Aujourd’hui, il s’apprête à passer une nouvelle nuit dans la rue. “On est là, on essaie d’être forts. On reste positif, mais c’est vraiment difficile”, martèle le jeune homme. D’après les informations de différents collectifs de soutien aux migrants, une grande majorité des campeurs de l’allée Jules Guesde serait encore mineure. Environ “96%” d’entre eux, revendique le collectif toulousain Autonomie.

"On attend que les pouvoirs publics fassent quelque chose."

Camille, militante du collectif Autonomie

Camille, membre de ce collectif, milite pour le respect des droits des personnes migrantes. Cette énième expulsion décidée par les autorités est un retour à la case départ pour certains, une “situation terrible pour ces jeunes”, pour d’autres, comme Camille. “On s’y attendait. On avait fait en sorte que les tentes restent”. Comme le rappelle cette militante, “on essaye de trouver un logement pour les jeunes qui n’en ont pas. On attend que les pouvoirs publics fassent quelque chose.”

La préfecture et le département interpellés

Mais la situation ne semble pas prête d’évoluer. Dans un communiqué daté du 3 septembre, la préfecture de Haute-Garonne explique qu’”un certain nombre de migrants étrangers qui occupaient les allées Jules Guesde a fait intrusion en début d’après-midi dans un collège désaffecté du quartier Bellefontaine.” Suite à leur installation dans les locaux désaffectés, “des heurts ont rapidement éclaté avec des habitants de ce quartier et la police a dû intervenir en faisant usage d’une grenade lacrymogène pour ramener le calme”, précise la préfecture.

Pour les militants mobilisés aux côtés des migrants, la préfecture et le département de Haute-Garonne devraient agir pour trouver des solutions aux personnes migrantes encore mineures. Celles qui ne sont pas mineures ou non reconnues comme tel ne sont pas prises en charge par les autorités. Cependant, “on les accuse tout le temps de mentir” relève Camille du collectif Autonomie.

Pour l’heure, les associations restent mobilisées pour tenter de trouver des logements aux migrants le plus rapidement possible. Samedi, le conseil départemental de Haute-Garonne a indiqué que “le président Georges Méric rappelle la nécessité de trouver une solution pérenne à l’accompagnement de ces migrants”. Dans un communiqué, le département “appelle à la pleine et entière mobilisation des acteurs de ce dossier que sont l’État et la mairie de Toulouse”.


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