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Migrants. “Humanity 1”, le navire qui sème la discorde entre l’Allemagne et l’Italie

Publié le 3-11-2022

Date de la publication : 03/11/2022
Source : Courrier International
Auteur : Beniamino MORANTE

Depuis plusieurs jours, un navire de l’ONG SOS Humanity battant pavillon allemand et transportant 104 migrants mineurs non accompagnés se trouve au large des côtes de la Sicile. L’Italie refuse de le faire accoster et renvoie la balle à Berlin, qui n’entend pas se charger du dossier.

Ce n’était qu’une question de temps avant que cela ne se produise. Lorsque Giorgia Meloni a remporté les élections et qu’un gouvernement de droite s’est installé au pouvoir à Rome, on se doutait que des tensions se cristalliseraient sur le thème des débarquements de migrants sur les côtes italiennes. Il n’a fallu que quelques semaines pour que ces prévisions se réalisent.

Depuis la fin d’octobre, en effet, trois bateaux d’ONG ayant sauvé des migrants en mer se sont approchés des ports transalpins. Deux d’entre eux battent pavillon norvégien (Ocean Viking et Geo Barents) ; le troisième, Humanity 1, est allemand. À ce jour, aucun d’entre eux n’a reçu d’autorisation de débarquer ses passagers.

“Solidarité européenne”

Une politique assumée par le nouveau ministre de l’Intérieur, Matteo Piantedosi, qui a expliqué dans une interview au quotidien milanais Corriere della Sera la ligne qu’il entend suivre sur cette question. “Nous ne pouvons pas prendre en charge les migrants recueillis en mer par des navires étrangers qui agissent sans se coordonner avec les autorités. Pour le moment, ces événements représentent 16 % des personnes qui débarquent en Italie, mais puisque nous prenons déjà en charge les 84 % de migrants restants qui débarquent chez nous ou que nous sauvons en mer, notre souhait est que la solidarité européenne pour ces 16 % se concrétise.

Ce que cela signifie dans les faits, l’Italie l’a rapidement montré dans un cas particulièrement médiatisé : celui du bateau Humanity 1. Puisque ce navire bat pavillon allemand, dans la logique du gouvernement de Rome, il revient à Berlin de s’occuper des migrants sauvés par celui-ci.

Ainsi, résume Sky TG24, “dès le 23 octobre, le gouvernement italien a demandé à l’Allemagne […] de prendre en charge les personnes sauvées par Humanity 1 [une requête identique a été adressée à la Norvège]”. Après quelques jours de réflexion, une réponse est effectivement arrivée de Berlin, mais probablement pas celle que l’exécutif de Rome espérait.

Le site d’information transalpin rapporte les mots de l’Allemagne sur le sujet : “Pour le gouvernement allemand, les organisations civiles fournissent une importante contribution au sauvetage de vies en Méditerranée, c’est la chose la plus importante. Actuellement, selon nos informations, on compte 104 mineurs non accompagnés sur Humanity 1, un grand nombre d’entre eux ont besoin de soins médicaux. Nous avons demandé au gouvernement italien de leur prêter rapidement secours.

“Le vrai souverainisme, c’est celui de l’Allemagne”

Une réaction qui fait littéralement sortir de ses gonds l’hebdomadaire conservateur Panorama, pour qui la seule chose qui doit finir “rapidement” est “l’hégémonie allemande en Europe”. Le média de droite, qui incite le gouvernement à tenir bon, s’indigne :

Revendiquer son indépendance en matière de gestion des flux migratoires, ce n’est pas du souverainisme. Le vrai souverainisme, c’est celui de l’Allemagne, qui voudrait faire passer ses propres intérêts avant ceux des autres, et qui s’attend à ce que ses partenaires s’adaptent ‘rapidement’.”
De l’autre côté de l’échiquier politique, le quotidien de gauche La Repubblica, vitupère, lui, contre ce “bras de fer politique [mené] au détriment des migrants [et] qui ne fait que commencer”. Un duel dont les conséquences sont pourtant déjà bien visibles.

En effet, nous apprend le journal romain, face au refus des autorités italiennes et maltaises d’accueillir les trois navires d’ONG ayant, en tout, plus de 1 000 migrants à leurs bords, et face à des conditions météorologiques sur le point de se dégrader, “SOS Méditerranée [propriétaire du navire Ocean Viking] a demandé de l’assistance à la Grèce, l’Espagne et la France afin de trouver un port où débarquer immédiatement [ses passagers]”.

Un dénouement qui serait probablement vu comme une petite victoire par le gouvernement de Giorgia Meloni. »

Voir l’article en ligne : ww.courrierinternational.com