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Reportage : la résilience des migrants mineurs isolés

Publié le 18-01-2023

Date de la publication : 18/01/2023
Source : Paris Match
Autrice : Caroline FONTAINE

« Paris Match a retrouvé les héros de « Shadow Game » (« Jeu de l’ombre »), film bouleversant d’Eefje Blankevoort et Els Van Driel. Les réalisatrices néerlandaises de ce documentaire au long cours ont suivi douze migrants mineurs isolés lors de leur périple à travers l’Europe.

Quelque part en Iran, près de la frontière turque. La nuit est tombée. Fuyant l’Afghanistan, ils sont nombreux à s’être regroupés dans un parc, se pensant à l’abri des regards. Demain la Turquie, puis la Grèce, c’est-à-dire l’Europe et la liberté. Soudain, des cris, des tirs de semonce : la police est là. Waqas court. Dans la panique, il perd ses parents et ses neuf frères et sœurs – le plus jeune n’avait pas 4 ans. C’était il y a trois hivers. Waqas avait 15 ans. Il ne les a jamais revus. «  D’un coup j’étais perdu, sans rien, je pleurais. J’ai suivi le passeur, je n’avais pas d’autre choix. » Waqas ne le sait pas, mais il a devant lui un voyage de deux longues années. Un périple dans les ténèbres.

Combien sont-ils ces enfants qui tentent désespérément de franchir les frontières pour trouver asile loin de la guerre, loin des dangers et si loin des leurs ? Selon l’Unicef, 22 500 seraient actuellement sur la route. Plus de 18000 mineurs isolés ont disparu en Europe entre 2018 et 2020, soit environ 17 enfants par jour, selon l’ONG Missing Children Europe. Dans « Shadow Game  » («  Jeu de l’ombre »), film bouleversant et sobre, Eefje Blankevoort et Els Van Driel, deux réalisatrices néerlandaises, ont documenté pendant trois années l’exode d’une douzaine d’entre eux. Certains, tel Mo, un jeune Iranien qui a tatoué sur son bras « La vie, c’est la guerre », sont toujours coincés en chemin et ont perdu espoir. D’autres sont arrivés au terme de leur voyage. Paris Match a rencontré, dans plusieurs pays européens, Mustafa, Shiro, Sajid dit « SK  », son copain Waqas ou Mohammad, cinq de ces mineurs devenus adultes. Ces enfants, qui ne se connaissaient pas, ont tous désigné par un nom de jeu les pires étapes de leur parcours. Il y a le jeu du train : s’accrocher entre deux wagons, se cacher dans des fourgons de marchandises ; celui de la marche de nuit dans des contrées inhospitalières ; du conteneur, soit des jours entassés sans lumière ni aération… «  Bien sûr, tu peux mourir, dans ce jeu  », disent-ils.

Aucun n’a fui de gaieté de cœur

Aucun n’a fui de gaieté de cœur. En pleine guerre civile irakienne, Mustafa, menacé, a quitté son pays à 14 ans en 2016. En chemin, il a perdu lui aussi sa famille et s’est retrouvé seul en Grèce. Il ne savait ni lire ni écrire, et c’est sans un sou, donc sans passeur, qu’il a continué, avec pour toute assurance-vie un vieux téléphone portable, indispensable GPS. « Sans lui et sans batterie, on marche en cercle dans la forêt. Ils sont plus importants que la nourriture  », déplore ce jeune homme doux, dont les bonnes manières contrastent avec ses nuits agitées. Son dossier s’est ajouté à la longue liste du livre noir sur les tortures commises par [...] »

Voir l’article en ligne : www.parismatch.com