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Paris : l’association Les Midis du Mie met fin à ses activités auprès des jeunes migrants et dénonce un abandon des services de l’État

Publié le 22-09-2023

Date de la publication : 22/09/2023
Source : InfoMigrants
Auteur : Julia Dumont

« Les Midis du Mie ont annoncé le 11 septembre dans un communiqué qu’ils ne reprendraient pas leurs activités de distributions de nourriture, interrompues depuis le début de l’été. L’association se dit dépassée par le nombre de jeunes sans hébergement à Paris et assure n’avoir reçu aucune aide de la ville et de la préfecture.

Pour les jeunes exilés sans hébergement vivant à Paris, c’était une institution. Depuis sept ans, l’association Les Midis du Mie distribuait des déjeuners quatre fois par semaine (du jeudi au dimanche) au jardin Palikao, dans le 20e arrondissement de Paris.

Mais le 11 septembre dernier, l’association a annoncé dans un communiqué sa décision de ne pas reprendre ces distributions après une interruption estivale. "L’ampleur du nombre de jeunes venant sur notre point de distribution a dépassé toutes les possibilités d’une petite association comme la nôtre construite sur l’aide d’urgence à apporter aux mineurs isolés le temps de leur recours de reconnaissance de minorité", indique-t-elle dans son communiqué.

"Depuis notre création, on n’avait jamais suspendu les distributions l’été, assure Agathe Nadimi, fondatrice des Midis du Mie. Mais, fin juin, on est arrivés à 450 repas distribués par jour [contre une moyenne de 200 repas en temps normal nldr]. On a suspendu les distributions début juillet en se disant ’on suspend et on voit ce qu’il se passe à la rentrée. Il y aura sans doute eu des mises à l’abri d’ici-là’".

Mais aucune mise à l’abri n’a eu lieu et la bénévole estime aujourd’hui à environ 1 000 le nombre de jeunes isolés sans hébergement à Paris et en banlieue qui auraient besoin de distributions de repas. Un nombre impossible à gérer pour une petite association. "On a été au-delà de toutes nos possibilités", souligne Agathe Nadimi.

"Les jeunes venaient demander de l’aide pour tout"

D’autant plus que les distributions de nourriture, à la base de l’existence des Midis du Mie, ont vite été complétées par d’autres services rendus aux jeunes étrangers. "Les jeunes venaient au jardin demander de l’aide pour tout : les papiers, des paires de baskets, des recharges de téléphone...", détaille cette enseignante de profession. L’association a également, à de nombreuses reprises, hébergé des dizaines de ces jeunes à l’hôtel ou bien dans des lieux loués par l’association.

"Tout l’été, des assistantes sociales ou des centres sociaux mandatés par l’État ont continué à m’appeler pour me dire ’on vous envoie des jeunes au jardin Palikao’. Mais cet engrenage n’est pas le bon. On ne peut pas être la roue de secours d’associations mandatées par l’État ou des services de l’État", plaide-t-elle.

Pour tenter de faire face au nombre croissant de mineurs non-accompagnés sans hébergement, Agathe Nadimi affirme avoir frappé à de nombreuses portes sans jamais recevoir d’aide. "On a été reçu à la préfecture de région […] À la mairie du 20e, j’ai assisté à des réunions, j’ai envoyé des mails et on ne m’a plus jamais répondue malgré des relances […] J’ai toujours mis le maire du 20e en copie de mes mails mais je n’ai jamais eu un échange avec lui", déplore-t-elle.

Interrogée par InfoMigrants, la mairie du 20e arrondissement de Paris affirme n’avoir retrouvé aucune trace de demande d’aide matérielle de la part de l’association. Selon la mairie, seul un projet de déplacement des distributions vers le métro Couronnes aurait été évoqué.

Une situation devenue "ingérable"

En avril dernier, des centaines de mineurs non-accompagnés en attente d’un recours de justice sur leur minorité ont été hébergés par des associations dans une école désaffectée du 16e arrondissement de Paris. Les jeunes étaient 200 au premier jour de l’occupation de l’école, mais ont été rejoints par des centaines d’autres au fil des semaines. Ils ont fini par quitter les lieux au début de l’été.

"La situation était devenue ingérable", confiait en juin à InfoMigrants Yann Manzi, co-fondateur de l’association Utopia 56. "Il faut comprendre que 700 jeunes vivant dans une promiscuité incroyable et dans un lieu précaire surpeuplé, cela peut créer des tensions et provoquer des drames. On a atteint nos limites", estimait-il.

Sans solution d’hébergement, la plupart de ces jeunes se sont retrouvés à la rue. Dans un communiqué, Médecins sans frontières (MSF) avait alors dénoncé "l’inertie" du gouvernement. "Les associations ne peuvent pas compenser l’inaction des autorités, qui, au lieu d’assurer la protection de tous les enfants, organisent le naufrage de l’accueil des mineurs étrangers", signalait l’ONG médicale.

Également, en juin dernier, le Comité des droits de l’enfant de l’ONU avait appelé la France à prendre des "mesures urgentes" concernant la maltraitance et la négligence des enfants migrants.

Pour tenter de venir en aide à ces mineurs non-accompagnés en attente de recours, Les Midis du Mie indiquent vouloir rester actifs dans d’autres domaines que les distributions de repas. "On va reprendre notre partenariat avec le centre social de Belleville pour faire un vestiaire une fois par semaine. Et on va utiliser le peu de fonds qu’il nous reste pour faire des mises à l’abri d’urgence à l’hôtel", prévoit Agathe Nadimi. »


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