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Mineurs isolés : en Seine-Saint-Denis, les éducateurs craquent

Publié le 9-10-2019

Source : Libération

Auteur : Kim Hullot-Guiot

Extraits :

«  La cellule d’accompagnement des jeunes étrangers non accompagnés, mise en place en septembre 2018 dans le 93, est en grève pour la deuxième fois en à peine plus d’un an.

« Le secteur de la protection de l’enfance est difficile depuis des années, et la situation s’est dégradée dans le département, mais là on est quand même face à quelque chose d’assez exceptionnel. Les agents partent à force de devoir trouver des solutions au jour le jour, la crise dure depuis des mois », observe Sabino Patruno, secrétaire général de la CGT au conseil départemental, qui soutient, avec la CFDT, la SNUTER-FSU, SUD, et l’Unsa, le mouvement de grève, reconductible jusqu’au 11 octobre.

Exemple de situation critique quotidienne, ou quasi : « On ne peut pas les accompagner faire leur bilan de santé, car leur prise en charge CMU met jusqu’à six mois pour arriver. Ils arrivent généralement dans un état assez critique. Parfois, les hôpitaux acceptent de recourir aux permanences d’accès aux soins. Mais, alors que la CMU est rétroactive, des pharmaciens refusent de leur donner des médicaments prescrits sans le papier de la CMU », illustre Claire. (...)

« On était quatre éducateurs pour 800 jeunes ! »

En Seine-Saint-Denis, le nombre de mineurs isolés a augmenté de 52% entre juin 2018 et juin 2019 pour dépasser les 1 400. « On s’est rapidement retrouvés sous l’eau. Deux premiers éducateurs sont partis sans être remplacés. Au plus fort de la crise, entre les démissions et les arrêts maladie, on était quatre éducateurs pour 800 jeunes ! » raconte encore Claire. Au printemps, après une première grève, une infirmière a été embauchée – « elle est déjà débordée » – et des éducateurs progressivement embauchés, pour monter à 11. (...)

« Seulement 8% des dépenses engagées vont être compensées »

Du côté du conseil départemental du 93, on admet volontiers que la situation est critique : « Ils dénoncent la même chose que nous : la masse de travail par rapport aux moyens qui nous sont alloués. » Le département met en avant des « avancées », comme le doublement des effectifs d’ici à la fin de l’année ou au début 2020. Trois intérimaires devraient rester jusqu’à l’arrivée des nouveaux éducateurs. On espère aussi qu’un appel à projet visant à ouvrir 900 places d’hébergement pour les jeunes contribuera à améliorer la situation globale. Mais « le département a des enjeux particuliers auxquels l’Etat ne répond pas ». Stéphane Troussel, le président socialiste de la Seine-Saint-Denis, dénonçait d’ailleurs récemment dans nos colonnes la faible compensation par l’Etat des charges du département relatives aux mineurs isolés : « Seulement 8% des dépenses engagées vont être compensées. » (...)

*Les prénoms des éducatrices ont été modifiés, à leur demande  »

Voir en ligne : https://www.liberation.fr/france/20...