InfoMIE.net
Informations sur les Mineurs Isolés Etrangers

Accueil > Actualités MIE > « Ces jeunes migrants que l’on enferme en centre de rétention »

« Ces jeunes migrants que l’on enferme en centre de rétention »

Publié le 16-07-2020

Source : La Croix

Auteure : Nathalie Birchem

Extraits :

« La loi interdit normalement de placer en rétention en vue d’une expulsion, tout enfant migrant qui n’est pas accompagné de sa famille. Mais de nombreux jeunes non reconnus comme mineurs sont chaque année enfermés et certains sont expulsés.

Il s’appelle Hatam, il est Afghan. Il ne connaît pas sa date de naissance mais dit avoir 15 ans. Après le décès de son père, le jeune homme a quitté son pays pour rejoindre l’Angleterre où il a des oncles. Pour gagner l’Europe, il a traversé la Roumanie et l’Autriche, où il est resté deux mois dans un centre pour mineurs, avant d’arriver en France et de filer vers Calais. Alors qu’il tentait de monter dans un camion pour traverser la Manche, la police l’a interpellé puis l’a placé au Centre de rétention administrative (CRA) de Coquelles, pour y être expulsé.

Il y est depuis le 3 juillet. « Quand je l’ai rencontré au CRA, il m’a dit : « Je ne dors pas, je ne mange pas. Je suis le plus petit ici, tout le monde est plus grand que moi. Pourquoi je suis ici ? », raconte, Bastien Roland, chercheur et intervenant à la Cabane Juridique, qui vient en aide aux personnes enfermées en rétention.

Que fait Hatam entre quatre murs alors que la loi interdit le placement en rétention de tout mineur non accompagné ? Pour documenter l’âge de Hatam, qui n’a pas de papiers avec lui, Bastien Roland s’est procuré auprès de sa famille à Londres une copie de sa taskira, un document d’identité parfois approximatif mais très répandu en Afghanistan « qui a été fait le 14 juillet 2013 et mentionne alors qu’il a environ 9 ans ». Ce qui lui donnerait 16 ans aujourd’hui.

Mais le document n’a pas convaincu les autorités. (...)

234 mineurs non accompagnés enfermés en 2019

Papier d’identité contre déclarations antérieures, la destinée des jeunes migrants qui, comme Hatam, se disent mineurs, se joue souvent à peu de chose. Car il n’est pas le seul dans son cas. « En ce moment, il y a cinq mineurs enfermés à Coquelles et un autre a été libéré », poursuit Bastien Roland. « L’enfermement des mineurs non accompagnés n’est pas propre à Coquelles, il est aussi fréquent dans des centres comme le Mesnil Amelot ou Hendaye, ajoute Violaine Husson, chargée du sujet à la Cimade. Rien qu’en 2019, 234 ont été placés en rétention en France. »

(...) »

Voir en ligne : https://www.la-croix.com/France/jeu...