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« Mineurs isolés : dans les grandes villes, une situation tendue »

Publié le 5-10-2020

Source : Libération

Auteur : Stella Bandinu

Extraits :

« En l’absence de prise en charge par l’Aide sociale à l’enfance, certains mineurs non accompagnés se retrouvent en situation de délinquance.

« C’est une question importante, vieille et qu’il nous faut résoudre », assurait dimanche le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, sur Europe 1, alors que la question, sensible, des mineurs non accompagnés (MNA) n’a pas manqué d’être mise en avant après l’attaque au hachoir, le 25 septembre, devant les ex-locaux de Charlie Hebdo, par un Pakistanais qui avait menti sur son âge lors de son arrivée en France en août 2018. La présence en France de mineurs migrants pris en charge par les services départementaux de l’Aide sociale à l’enfance (ASE) a bondi depuis les années 2000. « 264 MNA étaient recensés en 1999, 1 077 en 2001, 2 500 en 2004 et plus de 10 000 à partir de 2015 », énumère un spécialiste en charge du dossier à l’Assemblée des départements. La succession de crises n’explique pas tout selon lui : « Depuis 2015, ces chiffres dépendent moins du contexte géopolitique que des filières qui abusent de ces jeunes. »

La tendance s’accélère. Le nombre de MNA a triplé entre 2016 et 2018. L’an passé, 16 760 mineurs isolés ont été pris en charge par l’ASE « à hauteur de 50 000 euros par mineur et par an, couvrant le logement, la nourriture, les frais d’éducation et de formation », dit-on à l’Assemblée des départements. Au total, ils sont quelque 40 000 MNA dont le statut a été reconnu par la France. Un rapport du ministère de la Justice paru en mai estime que 61 % d’entre eux viennent de Guinée, du Mali et de Côte-d’Ivoire, contre 10,6 % du Maghreb.

Face à cet afflux d’enfants, les départements, en charge de l’accueil, et les villes, qui doivent trouver des solutions d’hébergement, se renvoient la balle. D’autant que la majorité d’entre eux ne sont pas pris en charge par l’ASE et se retrouvent livrés à eux-mêmes. (...)

Des élus chargés de la sécurité de grandes villes françaises ne disent pas autre chose, mais ont noté, comme à Rennes ou à Montpellier, « entre deux ou trois fois plus de MNA » cet été, pour la plupart sans protection de l’ASE. Et une recrudescence de la petite délinquance, exacerbée, selon eux, par le confinement, sur fond de trafics (stups, recel, trafic d’êtres humains) en expansion. A Bordeaux, où des attaques au couteau ont suscité une vive inquiétude cet été, Amine Smihi, adjoint en charge de la sécurité, n’hésite pas à parler « d’esclavage à la Oliver Twist ».

(...) »

Voir en ligne : https://www.liberation.fr/france/20...