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Sitôt arrivés au Royaume-Uni, des migrants contraints de travailler dans des fermes de cannabis

Publié le 17-10-2022

Date de la publication : 17/10/2022
Source : InfoMigrants
Autreur.rice : La rédaction

« Des témoignages de migrants au Royaume-Uni, recueillis par une chaîne de télévision albanaise, révèlent que de jeunes hommes albanais ont été contraints, dès leurs premiers jours de présence dans le pays, de rejoindre des "fermes" de culture de cannabis tenues par des organisations criminelles.

Des jeunes hommes, âgés d’une vingtaine d’années, travaillant dans des fermes de cannabis en Angleterre pour rembourser le prix de leur traversée de la Manche. Dans un reportage diffusé par la chaîne de télévision albanaise A2CNN, et commenté par le média britannique The Telegraph, dimanche 16 octobre, des migrants albanais lèvent le voile sur leurs conditions de vie au Royaume-Uni, parfois dans le cœur même de Londres, quelques jours seulement après être arrivés dans le pays.

À visage couvert, ils expliquent avoir été recrutés par des membres de gangs albanais, sitôt sortis des centres de détention par lesquels transitent les nouveaux arrivants venus par la Manche. Plusieurs d’entre eux racontent que des "proches" seraient venus les chercher dans les hôtels où ils étaient logés par le gouvernement. Peu de temps après, ils ont commencé à travailler dans des "fermes", des installations improvisées dans des maisons vides ou des bâtiments industriels, en Angleterre et au Pays de Galles, où des trafiquants cultivent des plants de cannabis.

"On reste enfermés dans cette maison pendant 24"

Ce travail est décrit comme "dangereux" par les principaux intéressés. Les migrants risquent, d’une part, d’être arrêtés par la police et, d’autre part, d’être attaqués par des membres d’autres organisations criminelles, dans le but de subtiliser la drogue.

"Ils entrent par effraction pour te voler et prendre tout le travail que tu as fait pendant des semaines", a détaillé l’un de ces jeunes, dont le témoignage est repris par le Telegraph, en parlant des membres d’organisations rivales. "Ils te frappent. Ils te laissent paralysé. Les voleurs jettent de l’acide dans tes yeux. Tu peux mourir."

Un autre jeune homme décrit, quant à lui, les tâches de ces travailleurs sans papiers. "On reste enfermés dans cette maison pendant 24 heures. On arrose les plantes. Quand la température est élevée, on éteint les lumières. Quand il fait froid, on augmente la température. Ces plants mettent entre 55 et 60 jours à pousser", déclare-t-il.

Aussi dangereux et contraint soit-il, ce travail illégal représente pour beaucoup l’une des seules manières de gagner de l’argent afin de rembourser les sommes empruntées pour financer la traversée de la Manche. Toujours dans le reportage de la télévision albanaise, un migrant affirme avoir contracté des dettes auprès de proches : il a emprunté 5 000 livres (environ 5 800 euros) pour payer ses passeurs kurdes.

Si le reportage se focalise uniquement sur les migrants albanais - au premier semestre 2022, ces ressortissants constituaient la première nationalité parmi les arrivées via la Manche, en progression de 17 % par rapport à 2021 -, ils ne sont pas les seuls à être menacés par ces réseaux de trafic. Selon des données collectées par l’ONG ECPAT UK, 60 % des enfants comptabilisés en 2020-2021 par le National Referral Mechanism, le mécanisme de référencement national des victimes d’esclavage moderne ou de traite, sont britanniques. Les autres pays d’origine de ces enfants sont, par ordre de fréquence, le Vietnam, le Soudan, l’Albanie, la Roumanie, l’Érythrée, l’Afghanistan, l’Iran, l’Irak et le Nigeria.

"Les enfants qui arrivent seuls au Royaume-Uni sont particulièrement vulnérables et nous savons que beaucoup de gangs prennent les enfants migrants pour cibles", réagit de son côté l’association Refugee Council.

Les agissements de ces réseaux d’exploitation d’êtres humains sont mis en lumière alors que l’Angleterre est justement secouée par la disparition de plus de 100 migrants mineurs.

116 enfants migrants disparus

Selon des données obtenues par la BBC, 116 enfants migrants, arrivés seuls dans le pays, ont en effet disparu des radars de l’administration après avoir été logés dans des hôtels gérés par le Home Office (équivalent du ministère de l’Intérieur), entre juillet 2021 et août 2022. Les associations ont estimé qu’ils pourraient être tombés aux mains de réseaux d’exploitations.

Des hôtels situés aux quatre coins du pays sont utilisés pour héberger temporairement les migrants arrivés, pour l’immense majorité, à bord de petits bateaux sur la Manche. Cette solution d’hébergement n’est normalement pas destinée au jeune public mais les structures dédiées pâtissent d’un manque de place. »

Voir l’article en ligne : http://www.infomigrants.net