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Le casse-tête des mineurs isolés

ARTE - 9 septembre 2015

Publié le lundi 28 septembre 2015 , mis à jour le lundi 28 septembre 2015

Source : http://info.arte.tv

Auteur : Franck Berteau

« L’exode n’en finit plus. A l’issue de l’année 2015, selon Frontex (l’agence européenne pour la gestion de la coopération aux frontières des États membres), près de 500 000 réfugiés devraient avoir gagné les côtes ou les frontières européennes, fuyant la guerre et la misère. Ces voyages sont souvent tragiques comme l’a illustré, le 3 septembre, la photo de la dépouille d’un enfant syrien, Aylan Kurdi, trois ans, retrouvé mort sur une des plages de la station balnéaire de Bodrum, en Turquie. Et parmi ces dizaines de milliers d’immigrés clandestins se trouvent de nombreux mineurs, parfois livrés à eux-mêmes, partis de leur foyer sans proche, ni parent.
Par exemple, au cours d’une des vingt-deux opérations de sauvetage réalisées les 22 et 23 août au large des côtes italiennes, sur 542 personnes, ils étaient 142 mineurs à descendre du bateau de la marine militaire locale. Pour une écrasante majorité, ils voyagent seuls comme en témoigne à RFI le commandant Antonio Dovizio : « Il y a 130 mineurs non accompagnés, souvent ils entreprennent cette traversée sans leurs parents et c’est une vraie situation d’urgence. »
En Italie, selon la loi, le pays doit accueillir tous les mineurs isolés, quelle que soit leur nationalité il est impossible de les expulser. En 2014, pour prendre en charge les 13 000 jeunes concernés, Rome a débloqué 90 millions d’euros.

Pourtant, les conditions d’accueil sont loin d’être idéales. L’argent dû aux centres est souvent détourné de son but initial. Corruption, détournements de fonds… les affaires se sont multipliées en matière d’immigration clandestine à l’image du scandale Mafia Capitale, un réseau mafieux mis au jour à l’automne 2014 et qui avait infiltré tous les échelons de l’administration de la capitale italienne.
Victimes du business qui s’effectue sur leur dos, certains mineurs réfugiés sont contraints de vivre dans des centres insalubres, parfois sans chauffage ni accès aux soins en cas de maladie. Pour survivre, ils se tournent alors vers la criminalité, de la prostitution au trafic de drogue.

9 000 mineurs isolés en France En France, un reportage du journal Le Monde publié le 31 août 2015 a mis en lumière les conditions de vie de ces jeunes à Calais, dans le Nord-Pas-de-Calais. Le département est l’un des plus concernés par la présence de mineurs isolés étrangers, dont le nombre total est estimé par le ministère de la justice à 9 000 en France.
Comme en Italie, ils ne sont pas expulsables et la loi prévoit que l’aide sociale à l’enfance les prenne en charge, de leur hébergement à leur scolarisation. Mais, comme le note le quotidien, dans le seul bidonville de la zone des dunes, à Calais, on parle de « 200 à 300 » mineurs isolés, la plupart en attente de poursuive leur chemin en Angleterre.
Fasse à cet afflux, certains départements de l’Hexagone n’arrivent plus à suivre et n’hésitent pas à se mettre hors-la-loi. Ainsi, en juillet, invoquant la saturation de ses foyers d’accueil, le conseil départemental de Loire-Atlantique a décidé de refuser la prise en charge de mineurs isolés étrangers, au mépris de ses obligations légales et de plusieurs injonctions juridictionnelles. Le 12 août, le tribunal administratif de Nantes a condamné le département à héberger un nouveau mineur isolé, le 9ème depuis que les autorités ont décidé de ne plus accueillir de nouveaux arrivants. « On est lassés et inquiets, s’était insurgé à la barre l’avocat du département de Loire-Atlantique, Timothée Fouché, cité par le journal Ouest-France.
Nous passons pour les méchants qui refusent de protéger l’enfance en danger. Alors que par ailleurs nous prenons en charge cinq mille mineurs, Français et étrangers. » Depuis le protocole Taubira de 2013, la période initiale d’accueil de cinq jours, nécessaire à l’évaluation de la situation des jeunes, est prise en charge financièrement par l’État qui passe ensuite la main aux autorités locales.
Aujourd’hui, même cette première mise à l’abri est refusée par le département de Loire-Atlantique. »

Pour voir le reportage cliquer ici

Voir en ligne : http://info.arte.tv/fr/le-casse-tet...


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