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Thèse - A l’écoute des traumas des adolescents migrants non protégés : Etude des processus psychiques à l’œuvre pour les parents d’accueil bénévoles à Marseille par Marion LAUER

Publié le mercredi 6 décembre 2023 , mis à jour le mercredi 6 décembre 2023

Autrice : Marion LAUER

Sous la direction de Marion FELDMAN

Soutenance le 11.10.2023

Thèse de doctorat en psychologie. École doctorale Connaissance, langage et modélisation (Nanterre), en partenariat avec CLInique PSYchanalyse Développement (laboratoire).


Résumé :

«  Contexte : Depuis les années 1990, la migration internationale des adolescent.es non accompagné.es a introduit de nombreux questionnements qui concernent les politiques publiques de la protection de l’enfance comme celles inhérentes au contrôle de l’immigration. Leur nombre a augmenté ces dernières années et, en 2022, la Mission mineurs non accompagnés en dénombrait 14782 sur le territoire français. Ces personnes devraient être mises à l’abri dans l’attente d’une évaluation de leur situation. Pourtant, à Marseille, comme dans d’autres villes, beaucoup ne bénéficient pas de cette protection immédiate et vivent dans la rue. Face à ce phénomène, des personnes font la démarche de les accueillir au sein de leur foyer, tentant de palier par hospitalité éthique les carences de l’accueil institutionnel, et renouvelant ainsi l’organisation traditionnelle de l’accueil de l’enfance en danger.

Objectifs : Cette thèse explore les processus psychiques à l’œuvre pour ces accueillant.es bénévoles, notamment face aux récits des traumas que les adolescents hébergés racontent. Approfondir ces éléments devraient permettre d’émettre des préconisations concernant leur accompagnement et, ainsi, d’améliorer l’accueil proposé à ces jeunes personnes.

Méthodologie : Nous avons mené une recherche qualitative et inductive, basée sur la Grounded Theory (Glaser & Strauss, 1967), sur l’analyse des réactions des accueillant.es lors de leur écoute des récits traumatiques relatés par les adolescents de façon informelle, ainsi que sur l’analyse des mouvements transféro-contre-transférentiels, lors des deux entretiens de recherche, que nous avons menés auprès de douze accueillant.es bénévoles vivant à Marseille. Les adolescents hébergés, tous des garçons, avaient 16 ans ½ en moyenne au moment de l’accueil et venaient d’Afrique du Nord ou de l’Ouest.

Résultats : L’analyse du matériel met en exergue l’existence de processus de transmission des traumas des adolescents dans ces relations d’hospitalité. Néanmoins, lorsqu’est possible pour les accueillant.es une mise en figuration des expériences traumatiques racontées, sous la forme de scénarisations mentales, une amorce de processus de symbolisation peut s’opérer.

Discussion : Cette hospitalité apporte aux adolescents une sécurité matérielle et affective. En étant en-dehors de la logique du soupçon dont les institutions des pays hôtes sont porteuses, ces accueillant.es permettent aux adolescents de se raconter à leur rythme et d’exprimer des vécus qui, parfois, ont trait à des violences socio-politiques extrêmes. Ces traumas peuvent s’exprimer au travers de symptômes ou être mis en mots. En recueillant cette parole et en tentant de la figurer au travers d’une scénarisation mentale, les accueillant.es ouvrent la voie à une possible symbolisation. Néanmoins, des impensés issus de l’histoire personnelle et/ou transgénérationnelle de chacun.e, comme de l’histoire collective, colorent ces rencontres interculturelles. De plus, ces accueillant.es sont soumis.es à des injonctions paradoxales de la part des institutions, à un manque de reconnaissance officielle et à une menace de rupture brutale du lien. Sans formation ni accompagnement systématique, il leur est difficile de penser ces éléments et de se positionner dans la relation.

Conclusion : La mise en figuration permet aux accueillant.es de participer à l’élaboration du récit de l’adolescent, dans une co-construction, qui requalifie l’expérience traumatique. Ce processus dépend du cadre social et culturel où il prend forme, qui influencera tant la relation qui se tisse entre les hôtes, que les processus d’élaboration des éléments traumatiques. »