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Jungle : après les émeutes, c’est « la loi de la débrouille »

Publié le 31-05-2016

Source : www.nordlittoral.fr
Auteur : Delphine Kwiczor

« La mobilisation est intense après les incendies

Ici, tout a brûlé jeudi. « Là c’est ma maison », pointe du doigt un Soudanais, soulevant ensuite la bâche de la tente qui va servir de cuisine commune. « On a tout nettoyé. » La construction reprend, à grande vitesse, avec la mobilisation massive des volontaires français et anglais. Avec des bouts de ficelles pour d’autres. « Il y a une distribution de chaussures », s’interroge un exilé à vélo, filant droit vers un attroupement. Le manque de tout refait surface.
Sur la zone ravagée par l’incendie de jeudi, après les émeutes entre Soudanais et Afghans - « pour une broutille », soupire une bénévole-, la vie reprend. Des abris ont été incendiés, d’autres ont flambé à cause des tirs de grenades lacrymogènes. « 600 à 700 personnes se sont retrouvées sans rien », comptabilise Maya Konforti de l’Auberge des migrants.

Le retour des tentes d’été, les associations solidaires

Depuis vendredi, voilà à nouveau la floraison de tentes d’été rudimentaires, à la place des cabanes de bois. Comme pour les camps de fortune des années précédentes. Des hommes creusent, enfouissent un piquet, pour que la tente résiste au vent. Depuis vendredi, les associations se sont coordonnées, dans l’urgence.
Le Secours catholique, Médecins sans frontières, Médecins du monde, l’auberge des migrants et Care4Calais ont mutualisé leurs moyens, leurs énergies. « C’était du bon boulot pour accomplir une distribution sans tension (...) Le Secours catholique a donné 50 tentes, 270 couvertures, 100 sacs de couchages. Médecins du monde, c’était 500 sacs de couchages, 100 tentes pour cinq personnes par médecins sans frontières etc. », annonce Maya, ravie de l’énergie déployée.
Les exilés s’efforcent de reconstruire, s’abriter, avec ce qu’ils trouvent. Ils démontent, déplacent. « C’est la loi de la débrouille », concède Maya alors qu’une cabane quitte un emplacement sous ses yeux, levés par plusieurs personnes. « Depuis le démantèlement (de la zone Sud, NDLR), c’était comme un oiseau à qui on avait coupé une aile... Et d’un coup, ils se sont mis à reconstruire. » Puis les incendies ont tout ravagé.

Zone surpeuplée, resto à deux étages et errance des jeunes

Zone Nord, les gens s’entassent. 4000 personnes vivent sur la Jungle selon la préfecture. Plus de 5000 selon les associations. Les exilés redoublent d’idées pour recréer de la vie, développer pour certains un business. L’allée centrale voit les restos et autres épiceries se multiplier. Un resto-hôtel afghan, sur deux étages, est en train de se construire. Ils n’ont plus de place, alors ils s’adaptent. Les enfants et les ados, Médecins sans frontières a décidé de prendre le dossier à bras le corps. Un centre se construit zone nord. D’autres initiatives se développent. Comme le Jungle Books Resto.
« Tu parles allemand ? », articule Jawan, un Afghan de 16 ans. Dimanche, à l’entrée de la Jungle books dédiée aux mineurs, il paraît perdu avec pour seul but « rejoindre (sa) sœur qui vit en Angleterre ». Il a transité par l’Allemagne et ne veut pas demander l’asile en France. « Je suis là depuis hier. Comment je fais ? Je n’ai pas de tente... » Un bénévole de Care4Calais l’accueille au coin d’un resto, avec un sourire, une tape amicale sur l’épaule. Et l’amène pour récupérer une tente. Son bout de chemin à Calais commence, avec son lot de difficultés. La zone nord de la Jungle a été épargnée par le démantèlement de mars. Pas par l’incendie et les émeutes. Et reste en sursis, l’Etat veut, à terme, la voir disparaître.
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Voir en ligne : http://www.nordlittoral.fr/faits-di...