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MNA : le Département change de stratégie

Publié le 8-01-2019

Source : L’essor 38

Auteur : Jean-Baptiste AUDUC

Extraits :

«  Depuis le 15 octobre, le Département a choisi de modifier sa manière d’accueillir les jeunes MNA (mineurs non accompagnés). Avant tout placement dans une famille d’accueil, ils doivent être évalués par une cellule spéciale. De plus, les jeunes déclarés majeurs seront fichés.

« L’Isère a été choisie pour expérimenter un fichier biométrique pour les jeunes confirmés majeurs, afin d’éviter qu’ils aillent dans un autre département tenter leur chance », nous livre Sandrine Martin-Giraud, vice-présidente en charge des actions de solidarité et d’insertion au Département de l’Isère.

Cette expérimentation se déroulera sur trois mois et sera menée par un agent de la préfecture. Elle s’ajoute à la nouvelle organisation du Département de l’Isère pour prendre en charge les MNA. En effet, chaque jeune migrant arrivant en Isère doit voir sa minorité évaluée. Depuis septembre 2018, sept évaluateurs sont présents à la cité d’Ode, à Grenoble. Chaque jour, ils reçoivent jusqu’à 16 jeunes dont ils doivent confirmer ou invalider la minorité. La réponse est rendue dans la journée : « Auparavant, les jeunes pouvaient attendre de six mois à un an, le changement est donc radical », affirme Stéphane Dezalay, membre de la Cimade, une association militante.

« Si vous êtes reconnu mineur, vous êtes pris en charge par l’Adate (une association spécialisée). Si vous êtes reconnu majeur, on vous donne le numéro du 115 », déplore encore Stéphane Dezalay, qui milite pour un meilleur accueil de ces jeunes. Son avis sur le fichier expérimenté est clair : « L’intention derrière est d’exclure et expulser les jeunes majeurs. Il sera plus facile de prononcer des OQTF (obligation de quitter le territoire français). Le département de l’Isère est encore en pointe sur l’exclusion. »

Budget en hausse

(...) Mécaniquement, le budget consacré aux traitements de ces demandes a augmenté pour atteindre les 14 M€ sur l’année 2018. Or « ce budget ne représente pas la réalité du coût de ces MNA », assure Sandrine Martin-Grand, qui explique que « la prise en charge des jeunes migrants (intégrés dans le parcours classique de la protection enfance) n’est pas contenue dans le budget alloué aux MNA. »

De son côté, et malgré le budget en hausse, la Cimade (qui appartient au collectif Migrants en Isère qui rassemble 16 associations d’accompagnement et de défense des droits des étrangers) s’inquiète. « Lors des vacances de la Toussaint, il y avait seulement deux évaluateurs. Donc, le gamin doit revenir le lendemain. En attendant, il doit dormir dehors », assure Stéphane Dezalay qui a mené avec le collectif une veille du 12 au 23 novembre.

Le collectif a ainsi pu déterminer, sur cette période, que 40 % des jeunes étaient reconnus mineurs. Cette estimation est confirmée par Sandrine Martin-Grand, qui ajoute : « j’ai le sentiment que de plus en plus de jeunes sont manifestement majeurs. » Elle n’en admet pas moins que l’Isère est le département qui a reconnu le plus de jeunes mineurs en France. Le collectif a lui reconduit sa veille pour les vacances de Noël. »

Voir en ligne : https://www.lessor38.fr/mna-le-depa...