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Très critiqués, les tests osseux pour déterminer l’âge des jeunes migrants sera débattu devant le Conseil constitutionnel

Publié le 10-03-2019

Source : Var matin

Extraits :

«  Le recours aux tests osseux sur des mineurs étrangers isolés est-il conforme à la Constitution ? Les "Sages" se penchent mardi sur ces examens très controversés réalisés pour déterminer l’âge des jeunes migrants.

À l’origine de la question prioritaire de constitutionnalité (QPC), un jeune Guinéen, Adama S., qui avait assuré avoir 15 ans à son arrivée en France en 2016. Renvoyé vers le conseil départemental de l’Ain, Adama S. avait refusé de se soumettre à ces examens radiologiques.

Un juge des enfants en avait déduit en 2017 qu’il n’était pas mineur et avait levé son placement auprès de l’Aide sociale à l’enfance (ASE). Le jeune homme avait fait appel en acceptant cette fois les tests osseux.

En juillet, la cour d’appel de Lyon avait estimé son âge entre 20 et 30 ans et confirmé qu’il ne bénéficierait pas de l’ASE. Il avait formé un pourvoi en cassation.

À l’appui de ce pourvoi, sa défense a déposé une QPC visant l’article 388 du Code civil, qui encadre depuis 2016 le recours à ces examens radiologiques - souvent de la main ou du poignet - pour déterminer l’âge d’un jeune. La Cour de cassation a transmis en décembre la question au Conseil constitutionnel.

Selon cet article, "les examens radiologiques osseux aux fins de détermination de l’âge, en l’absence de documents d’identité valables et lorsque l’âge allégué n’est pas vraisemblable, ne peuvent être réalisés que sur décision de l’autorité judiciaire et après recueil de l’accord de l’intéressé. Les conclusions de ces examens, qui doivent préciser la marge d’erreur, ne peuvent à elles seules permettre de déterminer si l’intéressé est mineur. Le doute profite à l’intéressé". (...)

"POTENTIELLEMENT DANGEREUX"

Utilisés dans de nombreux pays européens pour déterminer l’âge des jeunes migrants lorsqu’un doute subsiste, ces tests de maturité osseuse sont très critiqués, notamment par les associations d’aide aux migrants, par certains médecins et professionnels de la justice.

En cause : leur caractère obsolète - ils sont basés sur des données statistiques collectées dans les années 1930-1940 sur une population américaine et bien portante - et leur marge d’erreur, d’au moins 18 mois pour les 16-18 ans, la tranche d’âge concernée.

Plusieurs organisations militent pour les remplacer totalement par d’autres techniques d’enquête, psychologiques, sociales et éducatives.

Dans un communiqué diffusé en février, les ONG Médecins du Monde et le Secours catholique, la Ligue des droits de l’Homme, le Syndicat de la magistrature, la Cimade ont demandé l’interdiction de ces tests.

Ils dénoncent "l’absence de pertinence scientifique et éthique de ces tests et leur caractère attentoire aux droits de l’enfant" et critiquent notamment "l’exposition d’enfants à des rayons irradiants, potentiellement dangereux pour la santé, sans aucune finalité thérapeutique".

Le Défenseur des droits Jacques Toubon est lui aussi opposé à ces examens "invasifs et non fiables".

La QPC sera examinée par un Conseil constitutionnel en partie renouvelé, avec, parmi les nouveaux membres, l’ex-Premier ministre Alain Juppé. Mardi marquera leur première journée d’audience. »

Voir en ligne : https://www.varmatin.com/faits-de-s...