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Prolongation de l’Aide à l’enfance : un contrat de dupes

Publié le 10-05-2019

Source : Libération

Auteurs : Lyes Louffok, ancien enfant placé, membre du Conseil national de la protection de l’enfance ; Michèle Creoff, vice-présidente du Conseil national de la protection de l’enfance ; Céline Greco, ancienne enfant placée, membre du Conseil national de la protection de l’enfance ; Françoise Laborde, journaliste et auteure

Extraits :

«  Un amendement gouvernemental au projet de loi pour l’aide à l’enfance a exclu du nouveau dispositif un nombre considérable de bénéficiaires. La rue va rester pour longtemps encore la dernière issue d’un grand nombre de jeunes confiés à l’ASE.

Tribune. Lundi, le projet de loi présenté par la députée LREM Brigitte Bourguignon censé rendre obligatoire la prolongation de la prise en charge des jeunes placés à l’Aide sociale à l’enfance (ASE) après leurs 18 ans a été dénaturé par un amendement gouvernemental.

Le texte ainsi voté, n’impose aucunement aux départements de poursuivre leur prise en charge. Il organise un dispositif parallèle nommé contrat d’accès à l’autonomie, qui bénéficiera d’un financement de l’Etat. Mais ce contrat ne sera possible que pour les jeunes placés avant l’âge de 16 ans et qui auront cumulé dix-huit mois de placement avant leur majorité. (...)

Dispositif incertain et discriminatoire

Pas de contrat d’accès à l’autonomie à ses 18 ans, pour la jeune fille qui révèle un inceste à 17 ans, pour le jeune homosexuel mis à la porte de chez lui par ses parents à 16 ans et demi, pour les enfants devenus orphelins après cet âge devenu fatidique.

Leur avenir continuera à dépendre de la « compassion » facultative de leur département. La rue à 18 ans va rester pour longtemps encore la dernière issue d’un grand nombre de jeunes confiés à l’ASE. (...)

Et pour les autres, les chanceux placés avant l’âge de 16 ans, ce nouveau contrat financé partiellement par l’Etat est bien timide. Aucune obligation de poursuite de la prise en charge ! Une série d’engagements pour le département d’accompagner les jeunes vers les dispositifs de droit commun d’insertion et de formation. (...)

Un texte pour rien ? Plus grave encore, un texte qui va renvoyer vers un dispositif incertain et discriminatoire ceux qui pouvaient bénéficier d’une prise en charge globale. Car de nombreux départements vont restreindre encore leur politique de poursuite de la prise en charge pour se limiter au seul dispositif cofinancé par l’Etat.

(...)

La protection de l’enfance est une politique de suppléance familiale, la puissance publique doit traiter ces jeunes, comme des parents bienveillants doivent traiter leurs enfants. Hier la représentation nationale a été une marâtre.  »

Voir en ligne : https://www.liberation.fr/debats/20...