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Billère : des avocats alertent sur le traitement des mineurs non accompagnés par la police aux frontières

Publié le 7-06-2019

Source : France 3 Régions

Auteur : Maïté Koda

Extraits :

«  L’association des avocats pour la défense des étrangers, basée à Pau, alerte sur le traitement des mineurs non accompagnés par la Police aux frontières de Billère (Pyrénées-Atlantiques). Ils dénoncent un "dysfonctionnement total du système".

Que se passe-t-il au poste de la Police aux frontières à Billères ? Le 29 mai, l’Association des avocats pour la défense des étrangers a effectué un signalement auprès de la procureure de Pau Cécile Janson.

Dans un courrier, les avocats font part d’une "situation inquiétante" concernant le traitement accordé par la Police aux frontières (PAF) aux mineurs étrangers non accompagnés, citant trois cas à l’appui.

Placé en cellule

Ainsi, en avril, rapportent les avocats, S. est auditionné dans les locaux de la PAF dans le cadre d’une procédure d’identité. Le jeune homme se dit mineur, une enquête est en cours, menée par les services départementaux afin de confirmer ou infirmer ces allégations.
Si S. est déclaré mineur, il sera pris en charge par le département. Dans le cas contraire, il peut être placé en centre de rétention et expulsé.
"Lors de son audition, S. a réclamé son avocat, assure Me Selvinah Pather. Ce dernier s’est mis en route pour venir. Pendant ce temps, le policiers ont mis la pression sur S., en l’enjoignant de parler sans la présence de son avocat".

Accepter de parler sans son avocat

Selon l’avocate, le jeune S. refuse. Il est alors conduit en cellule, dans une pièce glaciale. "Est-ce qu’on a mis la climatisation à fond, ou est qu’on a juste coupé le chauffage je ne sais pas… En tout cas, il était gelé, s’est mis à pleurer, a demandé à sortir… Pendant ce temps les policiers se moquaient de lui, jusqu’à ce qu’il accepte de parler sans la présence de son avocat".

Selvinah Pather précise alors que les policiers ont par la suite appelé l’avocat de S., pour l’informer que sa présence n’était plus nécessaire, étant donné que S. souhaitait être entendu sans sa présence.

Lorsqu’il est ressorti, S. était en état de choc. Il a dit qu’il avait eu peur de mourir en cellule.

"Une OPJ est venue lui tordre le doigt"

Le signalement de l’association relate également le traitement réservé à M., blessé au doigt, qui lors d’une procédure de vérification d’identité, racontait les mauvais traitements à l’origine de sa blessure. "Une OPJ (Officier de police judicaire) est venue lui tordre le doigt pour vérifier ses dires. Le jeune a eu très mal" .

Disparition inquiétante

Autre cas, celui de P. Convoqué à la PAF le 27 mai, il est placé en garde-à-vue et… disparaît. Depuis, ni ses éducateurs, ni le département n’a été informé de ce qu’il était devenu. Selon la procureure Cécile Janson, citée dans le quotidien Sud-Ouest "le parquet a clos la procédure après que sa majorité a été avérée".

(...)

Les avocats s’indigent du traitement réservé à ces adolescents. "Nos enfants à nous, même quand ils ont 18 ans, on ne les considère pas armés pour la vie. Et à ce qu’on leur fait subir… C’est inadmissible".

L’association espère que le signalement donnera lieu à une enquête, et que les policiers seront rappelés à l’ordre. (...)  »

Voir en ligne : https://france3-regions.francetvinf...