Accueil > Actualités MIE > Gurjinder raconte son voyage clandestin de l’Inde à Auxerre
Publié le 20-04-2015
Source : http://www.lamontagne.fr/
Auteur : Nicolas Ruiz
Extrait :
"Jeune indien de 16 ans, Gurjinder Singh illustre le drame vécu par les mineurs isolés étrangers. Abandonné par son passeur, débarqué sans rien à Auxerre, il raconte son parcours.
« C’est maman qui a décidé. Elle m’a envoyé ici pour faire des études et apprendre un métier. Elle a entendu parler d’un passeur. Elle a pris un crédit et lui a donné 5.000 euros pour me faire venir en France. »
Gurjinder Singh, dit Goldy, est un jeune indien, arrivé mercredi matin, au commissariat d’Auxerre. Il dit avoir 16 ans. Aucun papier. Aucune affaire personnelle. Il n’a rien. Et ne parle que l’Hindi.
Ce jour-là, la traduction est assurée par Jimmy, 19 ans, un autre Indien, débarqué comme lui, clandestinement, à 16 ans, à Auxerre. Et qui, aujourd’hui, est un brillant élève de Terminale S. « Quand j’ai appris son arrivée, il y a quelques jours, ça m’a bousculé. Ça m’a rappelé mon propre parcours. J’ai eu envie de l’aider. »
Il vit dans la rue quelques jours à Paris
Gurjinder est parti le 11 avril de son village, Karnail Ganj, dans la région du Pendjab, au nord de l’Inde. « Le passeur est venu me chercher, chez moi, en voiture. »
Un sac pour deux. Direction l’aéroport de New-Delhi. Quatre heures de route. Puis embarquement pour Moscou : « Le passeur a pris mes papiers, et il avait un passeport pour moi. Il s’est occupé de tout, et m’a dit de ne pas parler. »
Arrivé en Russie, le duo reste une demi-journée à l’aéroport. Puis reprend l’avion pour Paris. Il débarque en France le 12 avril. Là, l’adolescent se retrouve livré à lui-même. Dans un quartier parisien. Peu disert, visiblement marqué, il se livre au compte-gouttes : « Pendant trois jours, je suis resté dans la rue, seul. Je dormais dans un parc. C’était dur… Le passeur venait me donner un peu à manger. »
Puis, le passeur revient le chercher pour aller à la gare. Il le fait monter dans un train. Et juste avant le départ… Il l’abandonne. En gardant son sac. « Je me suis retrouvé sans rien, sans savoir où j’allais, sans comprendre les gens autour de moi. Je me suis mis à pleurer. » Par chance, dans ce train, se trouve un Indien. Parlant l’Hindi. « Il m’a rassuré et m’a dit de m’arrêter à Auxerre, au commissariat. Là, des gens pouvaient m’aider. »"
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