Brest. Un lycée contre l’expulsion d’Hamza, sans papiers

L’histoire

Lundi matin, c’est la surprise. « On ne savait pas qu’Hamza était sans-papiers. Il était discret sur sa vie personnelle », affirmentYassine, Mathieu, Moustapha, Erwan ou Ben, élèves en 1re année de CAP Électricité au lycée Dupuy-de-Lôme. « Nous n’étions pas non plus au courant de sa situation administrative », précise Antoine Roussel, professeur principal de la classe où étudie Hamza.

360 signatures

Après la stupeur, c’est la consternation. « On est choqué ! Hamza risque l’expulsion. Mais c’est un super camarade ! Il s’entendait bien avec tout le monde », dénoncent ses camarades. Depuis lundi, ils ne ménagent pas leurs efforts pour sauver leur collègue du retour dans son pays d’origine, où il serait menacé.

Hier midi, leur pétition a recueilli 360 signatures. « On demande sa libération ! » Les enseignants effectuent la même opération de leur côté, avec le soutien des syndicats Sud, CGT et Snes-FSU. « On souhaite son retour au lycée. Qu’il puisse au moins terminer sa formation et obtenir son diplôme », explique Audrey Julard, surveillante dans l’établissement. Les pétitions seront adressées à l’avocat du jeune homme.

Incarcéré à Rennes

Hamza B., 19 ans, d’origine tunisienne, a été arrêté vendredi dans une pizzeria à Brest. Il y était livreur de pizzas après ses heures de classe. Il a été placé en garde à vue puis transféré à Rennes où il est incarcéré. Lundi, le tribunal administratif a rejeté sa demande de remise en liberté.

Le jeune homme conteste ce jugement qui le conduit à une expulsion, laquelle « mettrait son intégrité physique en danger », explique Olivier Cuzon, enseignant à Dupuy-de-Lôme et membre de la Ligue des droits de l’Homme. L’association dénonce « cette chasse aux élèves sans papier » et un excès de zèle des autorités pour « faire du chiffre et remplir les quotas » !

« Un comportement exemplaire »

Hamza a été contraint de fuir sa Tunisie natale, « ses parents ayant servi, comme tant d’autres, la dictature en place avant la révolution. Mais lui n’y est pour rien ! » S’il est à Brest, c’est parce que « son oncle y réside ». Le jeune homme se montre « très investi dans sa formation ». Antoine Roussel relève : « C’est un bon élève avec 14/20 de moyenne alors que celle de la classe est de 12/20. Très à l’aise en atelier, il aide ceux qui ont des difficultés. Son comportement est exemplaire. » Hamza vivait dans un appartement avec sa compagne française. Ils projetaient de se marier.

De son côté, la préfecture fait savoir que la police a interpellé « un étranger tunisien en situation irrégulière alors qu’il travaillait clandestinement dans une pizzeria ». Ce majeur était en possession « d’une carte d’identité belge falsifiée ». Elle se défend d’« une chasse aux élèves sans papier » car « l’interpellation a eu lieu lors d’une opération de lutte contre le travail dissimulé ».