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Démantèlement de la "jungle" de Calais : les associations ont posé leurs conditions

Publié le jeudi 22 septembre 2016 , mis à jour le jeudi 22 septembre 2016

Source : www.ash.tm.fr

Auteur : Maryannick Le Bris

Extraits :

« Tout faire pour que les expériences malheureuses pour tenter de faire disparaître le bidonville de Calais ne se répètent pas. C’est à la fois le voeu des associations, selon lesquelles le démantèlement prochain de la "jungle", dont la date n’a pas encore été précisée, ne saurait être entrepris sans garanties pour l’accompagnement des personnes, et l’engagement du gouvernement, qui promet une solution pérenne pour sortir de l’impasse créée par la crise migratoire. Mais c’est sans compter avec la résistance de certains élus, que le ministre de l’Intérieur et la ministre du Logement s’attachent à ­rassurer (voir encadré ci-dessous).

[...]

Quel accueil pour les mineurs isolés ?
Lors d’une réunion qui s’est tenue mardi 20 septembre, Bernard Cazeneuve et Emmanuelle Cosse ont, en revanche, rassuré les associations sur les conditions du démantèlement de la "jungle" de Calais, où vivent entre 7 000 et 10 000 personnes selon les sources. "Notre première demande était de réaliser un diagnostic, non seulement pour compter, mais surtout qualifier la situation des personnes", explique Véronique Fayet, présidente du Secours catholique, qui voit aussi dans cette démarche un moyen de couper court aux discours sur la présence de migrants économiques dans le bidonville. D’après le ministère de l’Intérieur, plus de 80 % des personnes présentes sur la "jungle" relèvent du statut de réfugié. Ce diagnostic devrait être réalisé "sous l’autorité d’une personne indépendante", dont la nomination devrait être prochaine­ment annoncée, précise Véronique Fayet.
"L’idée d’avoir une procédure transparente et protocolisée de comptage et d’évaluation a été actée, mais nous serons vigilants sur le caractère qualitatif et partagé de la démarche", souligne Florent Gueguen, directeur général de la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (FNARS). Les ministres, "qui considèrent l’opération comme humanitaire et non policière, ont assuré que l’évacuation n’aurait pas lieu tant que les centres d’accueil ne seront pas ouverts, une proposition d’hébergement et d’accompagnement devant être faite à toutes les personnes", ajoute-t-il. Ils ont par ailleurs affirmé que les mineurs isolés ne seraient pas orientés en centres d’accueil et d’orientation (CAO), non adaptés à leur prise en charge. Pour autant, il manque encore des réponses spécifiques et à la hauteur des besoins pour ce jeune public, dont le nombre est estimé à plus de 800 sur le campement. Un sujet qui devrait faire l’objet de discussions, probablement tendues, entre les ministères concernés et les départements.

Les CAO, "ovnis juridiques"
Autre engagement des ministres, selon la présidente du Secours catholique : "Que toutes les personnes se rendant en CAO ne soient pas sous la coupe du règlement ’Dublin’", en vertu duquel le pays d’arrivée en Europe est responsable de la demande d’asile. "Des consi­gnes déjà données au printemps, mais les asso­ciations ont eu des retours sur le fait qu’elles n’étaient pas respectées", précise-t-elle. L’Etat est en outre attendu sur sa capacité à accélérer les négociations avec le Royaume-Uni sur l’accueil de migrants, notamment dans le cadre du regroupement familial. A défaut, le ris­que est grand de voir se recréer des bidonvilles par ceux qui veulent absolument passer outre-manche.
Alors que 9 000 nouvelles places d’accueil devraient ouvrir sur le territoire, la FNARS a rappelé ses demandes pour améliorer le fonctionnement des CAO, notamment en augmentant le taux d’encadrement et en améliorant les prestations d’aide aux personnes. Elle souhaite également une clarification juridique de ces centres, "pour l’heure des ovnis juridiques non rattachés au code de l’action sociale et des familles".
[...]
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LE GOUVERNEMENT S’EFFORCE DE RASSURER ÉLUS ET ASSOCIATIONS

Confronté à la polémique suscitée par le démantèlement programmé de la "jungle" de Calais, le gouvernement a tenté, ces derniers jours, de rassurer élus et associations sur les conditions d’accueil, dans l’ensemble du territoire, des migrants évacués. Pour rappel, l’Etat compte démanteler dans les plus brefs délais le campement de la lande de Calais où s’entassent actuellement, dans des conditions indignes, "près de 7 000 migrants" selon l’estimation du gouvernement. Pour y parvenir, il est à la recherche de 9 000 places d’hébergement supplémentaires dans des centres d’accueil et d’orientation (CAO) – structures conçues comme des sas vers la demande d’asile –, réparties sur le territoire. La révélation dans la presse de ce projet a provoqué de tels remous que les ministres du Logement et de l’Intérieur ont dû monter au créneau pour répondre aux interrogations.
Ils l’ont fait en premier lieu le 16 septembre via une lettre adressée à l’Association des maires de France (AMF), dans laquelle ils affirment être "très soucieux que l’insertion [des] centres dans le tissu local qui les accueille" se réalise dans la sérénité. C’est ainsi que, "après un premier recensement technique des capacités potentielles d’accueil en région (...), les préfets engageront naturellement une concertation avec les élus locaux". Bernard Cazeneuve l’a confirmé cinq jours plus tard devant la commission des lois du Sénat, en précisant que la répartition se ferait dans la concertation avec les élus concernés selon un "croisement de critères" – caractère volontaire des communes, efforts déjà réalisés pour l’accueil de migrants, disponibilité des structures, capacité du tissu associatif à se mobiliser pour offrir le meilleur accompagnement possible... – et avec un souci d’"adéquation" de la taille des centres à celle des communes d’accueil. Installer des CAO de grande taille dans des bourgs de petite taille n’aurait "aucun sens", a expliqué le pensionnaire de la Place Beauvau. Interrogé, au passage, en particulier sur le sort des mineurs isolés – qui seraient, selon lui, entre 900 et 950 à Calais –, le ministre a simplement indiqué qu’une discussion est en cours avec les départements sur "les conditions qui permettront de les accueillir dans de bonnes conditions".
Le gouvernement a également communiqué en direction des associations. Mardi 20 septembre, Bernard Cazeneuve et Emmanuelle Cosse ont en effet réuni le comité de suivi des CAO pour évoquer le démantèlement du campement de Calais... et présenter le cadre défini pour la réussite de l’opération. Ainsi, une information "claire et complète sera délivrée à chaque migrant en amont" de l’évacuation, ont-ils indiqué dans un communiqué. De plus, "un diagnostic sera partagé entre les services de l’Etat et les associations sur le comptage, la situation personnelle et les besoins des migrants présents sur la lande de Calais". Une prise en charge spécifique sera proposée aux personnes vulnérables (femmes avec enfants, mineurs non accompagnés...). Enfin, "le démantèlement ne démarrera que lorsque les conditions pour proposer une solution à chacun seront réunies".

Olivier Songoro

Voir en ligne : http://www.ash.tm.fr/actualites/det...


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