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Jaruk, fils de demandeurs d’asile : l’école l’a laissé couler. Madame la ministre, agissez

Publié le : lundi 5 octobre 2015

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Source  : http://leplus.nouvelobs.com

Auteur : Richard Moyon, RESF

« À 15 ans, Jaruk, enfant de demandeurs d’asile, est déscolarisé. Il a été délaissé par un système censé pourtant lutter contre le décrochage scolaire. Et il n’est pas le seul dans ce cas. Richard Moyon, membre de RESF demande à Najat Vallaud-Belkacem de de prendre position en faveur de la scolarisation de tous les mineurs, quels que soient leur statut et celui de leurs parents.

Madame la ministre,

Vous lirez peut-être, si vous en avez le temps, l’histoire sinistre et authentique du jeune Jaruk, enfant de demandeurs d’asile déboutés et devenus sans papiers, broyé par la politique du gouvernement auquel vous appartenez et que l’école dont vous êtes la ministre a laissé couler.

Les faits parlent d’eux-mêmes et ils ne sont, hélas, pas si exceptionnels qu’on le voudrait. Ce qui est exceptionnel dans la situation de Jaruk, c’est qu’il se soit trouvé quelqu’un pour la suivre, en être ému et prendre la peine de l’écrire.

Un silence qui vaut approbation

L’école est obligatoire croit-on. Hélas, pas pour tout le monde. La politique du gouvernement auquel vous appartenez en est responsable. Le silence de la ministre de l’Éducation nationale que vous êtes vaut approbation.

Enfants Roms que certains maires refusent de scolariser au prétexte qu’ils n’habiteraient pas vraiment la commune ou dont le bidonville est trop éloigné de l’école.

Enfants de parents eux mêmes jamais scolarisés qui négligent d’envoyer leurs enfants à l’école, populations qu’on laisse de génération en génération prisonnières de l’exclusion.

Enfants de sans-papiers ou de demandeurs d’asile déboutés vivant à la rue dont le premier souci est de survivre, manger, s’abriter, se laver. Un jour ici, le lendemain ailleurs, obstacle à toute scolarité.

Enfants de sans-papiers qui ont la "chance" d’être logés par le 115 et que, tous les mois ou tous les trois mois, on promène d’un bout à l’autre du département ou du pays, brisant la scolarité des enfants, inscrits ici, inscrits ailleurs, inscrits nulle part pour finir.

Des économies qui ont des répercussions

Mineurs isolés étrangers que l’Aide sociale à l’enfance de nombreux départements refuse de prendre en charge, les décrétant majeurs parfois après un entretien sommaire ou plus fréquemment en leur faisant subir des tests d’âge osseux détournés de leur usage et dont tout le monde sait, les ministres y compris, qu’ils sont sans aucune valeur pour attribuer un âge civil à un individu et encore moins entre 16 et 18 ans.

Les économies que font le gouvernement auquel vous appartenez se répercutent sur les départements qui, à leur tour, pratiquent une "saine gestion" en jetant des centaines de mineurs isolés (et donc sans défense) étrangers (et donc toujours suspectés de mentir) à la rue et en les privant de l’école.

La ministre de l’Éducation nationale que vous êtes ne s’insurge pas. Dommage.

Des organismes officiels violent la loi

Mineurs isolés étrangers pris en charge par l’ASE avant 16 ans, qui devraient selon la loi fréquenter l’école mais que nombre de départements placent dans une chambre d’hôtel sans scolarisation, attendant leur 16e anniversaire pour ne pas les scolariser.

Des organismes officiels violent la loi. Le gouvernement laisse faire. Vous vous taisez.

Mineurs isolés étrangers de 16 à 18 ans non scolarisés au prétexte que l’école n’est plus obligatoire après 16 ans. Certes, mais à cet âge, l’école reste un droit qui devrait s’exercer dès lors que le mineur le demande. Voter est un droit, pas une obligation. Mais entraver le vote est un délit. Des instances officielles commettent des délits.

Votre gouvernement laisse faire, vous ne dites mot.

L’école est obligatoire et c’est un droit

Madame la ministre de l’Éducation nationale, vous dites vouloir agir contre le décrochage scolaire. C’est un réel problème.

Il n’est pas certain que la politique économique et sociale du gouvernement auquel vous appartenez n’en soit pas, au moins pour une part, responsable. Concernant les enfants de sans papiers et les MIE, la responsabilité du gouvernement est évidente. Et votre silence assourdissant.

Nous vous demandons, Madame la ministre de l’Éducation nationale de prendre position publiquement et énergiquement en faveur de la scolarisation de tous les mineurs, quel que soit leur statut et celui de leurs parents.

L’école est obligatoire et c’est un droit. Il faut que cela soit plus qu’un propos de discours. Mais une réalité. »